Weinberg en sonates

par

Mieczysław Weinberg (1919-1996) Sonates pour violoncelle et piano op. 21 et 63 - Sonate pour violoncelle solo op 72 - Berceuse op. 1 pour piano. Wojciech Fudala, violoncelle, Michal Rot, piano. CD DUX 1545

Autour de Dmitri Shostakovitch a gravité une belle trinité de compositeurs : Ustvolskaya, Gubaidulina et Weinberg, partageant pas mal de temps comme élèves du grand Russe et certains postulats esthétiques, toujours dans l'univers tonal mais en exploitant habilement ses limites. Parmi eux, Weinberg est sans doute le plus attachant d'emblée car sa musique chante et émeut tout de suite sans autre souci de construction ou de style. Et si l'on se fie aux statistiques des concerts, il est probablement le moins souvent joué, bien qu’Ustvolskaya soit aussi largement qu'injustement oubliée. Cela tient, en partie, aux circonstances dramatiques de son existence, soumise aux caprices du stalinisme et à l'antisémitisme ambiant en Union Soviétique. Sa culture de tradition hébraïque, où l'on imagine volontiers des violons égayant la vie souvent misérable de ces populations de l'est de l'Europe -Mahler nous l'a aussi rappelé dans son « Das himmlische Leben » de la 4e Symphonie- lui inspire des mélodies joyeuses ou nostalgiques qui nous interpellent tout de suite.  Ses racines et sa culture polonaises n'ont pas aidé non plus à sa reconnaissance, et cela a bien trop duré après l'effondrement du communisme. C’est pourquoi, il faut saluer l'initiative de ces jeunes interprètes polonais qui, avec leur talent et leur fraîcheur, rendent justice à l'un de leurs illustres compatriotes.

Le violoncelle de Wojciech Fudala est un exemple d'élégance, son archet est créatif, subtil ou tendre à foison, sa sonorité toujours riche et délicate. Son partenaire pianistique, Mikal Rot, est un excellent pianiste techniquement parlant, précis et, toujours bien imbriqué dans le discours du cello, on sent bien son aisance comme chambriste. On aurait cependant souhaité un rien plus de fantaisie sonore, ses plans sonnent légèrement trop linéaires, sans une vie intérieure qui confère au piano une véritable raison d'être. Ceci dit, la prise de son de cet enregistrement est également remarquable, s'il fallait ajouter une raison pour encourager son écoute.

Xavier Rivera

Son : 9 -  Livret : 5 - Répertoire : 9 -  Interprétation 8

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