A Genève, Lorenzo Viotti embrase l’OSR

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20250604

Pour achever la saison 2024-2025, l’Orchestre de la Suisse Romande invite au pupitre pour la première fois le chef Lorenzo Viotti. L’on a beaucoup parlé de la carrière météorique de ce Lausannois de 35 ans, fils du regretté Marcello Viotti et frère de la mezzo Marina Viotti, qui, après des études à Lyon et à Vienne, est devenu à la fois chef principal de l’Orchestre Philharmonique et de l’Orchestre de Chambre des Pays-Bas ainsi que de l’Opéra National Néerlandais. 

Pour deux concerts donnés à Genève le 4 juin, à Lausanne le lendemain, Lorenzo Viotti opte pour un programme Brahms – Dvořák en commençant par la Troisième Symphonie en fa majeur op.90 du premier cité. Il en aborde l’Allegro con brio avec une indomptable énergie qui suscite un discours ample que l’acoustique si particulière du Victoria Hall rend broussailleux. Mais il utilise habilement les contrastes de phrasé pour laisser se répandre le flux sonore en profitant du dialogue des bois pour contrebalancer les élans fougueux du tutti. L’Andante est empreint d’une ferveur méditative que les cordes graves innerveront de tendresse, alors que le Poco Allegretto successif développe sous un suave legato le cantabile des violoncelles que les bois agrémenteront de touches badines. Par contre, le Final laisse sourdre l’angoisse de la fluidité des cordes bousculée par d’incisifs tutti. Le développement est emporté par un souffle tragique que finira par apaiser le choral des vents s’appuyant sur un canevas de cordes en pianissimo particulièrement saisissant.

En seconde partie, Lorenzo Viotti propose la Septième Symphonie en ré mineur op.70 d’Antonin Dvořák dont il souligne le caractère mystérieux en prêtant à l’Allegro maestoso une dimension pathétique d’où découlera un lyrisme amène qui dominera ensuite le Poco Adagio avec son motif de choral fervent édulcoré par la sensualité des bois. Une ample respiration soutient le discours des cordes amenant de généreuses envolées imprégnées d’effluves wagnériennes que dilueront les bois. Le Scherzo Vivace se pare d’élans dansants pittoresques dont le Trio dégagera le côté bucolique, tandis que l’Allegro final est parcouru d’accents nerveux qui rendront vigoureuse une marche que les bois édulcoreront par d’élégantes inflexions avant de conclure par de triomphalistes éclats qui suscitent les hourras d’un public enthousiasmé. Pour le remercier, Lorenzo Viotti livre en un irrésistible élan la Cinquième des Danses Hongroises de Brahms, ce qui provoque un véritable délire !

 Genève, Victoria Hall, concert du 4 juin 2025

Crédits photographiques : Magali Dougados

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