Ouverture du Festival des Égalités au Grand Manège
Après une première édition en 2022 autour des égalités de genres, le Festival des Égalités a fait son retour à Namur. Centré sur le thème de la santé mentale, le festival version 2024 s’est ouvert ce jeudi 21 novembre avec une pièce de théâtre en première partie de soirée, suivie d’un concert du Quatuor Hermès au Namur Concert Hall. L’évènement se clôture le dimanche 24 novembre.
Né au Conservatoire de Lyon en 2008, le Quatuor Hermès a reçu l'enseignement des plus grands, Quatuor Ravel, Quatuor Ysaÿe, etc. Pour ce concert consacré au surréalisme, ils ont été rejoints par le pianiste Guillaume Bellom.
Suite à des retards dans les transports utilisés par les artistes, l’ordre initial du concert a été chamboulé. Nous avons donc tout d’abord entendu Guillaume Bellom dans les Préludes Flasques et les Véritables Préludes Flasques d’Erik Satie. Pour l'anecdote, les Préludes Flasques, composés en 1912, furent refusés par l’éditeur de Satie. Il composa donc un mois plus tard les Véritables Préludes Flasques, qui eux furent publiés. Ces pièces quelque peu monotones, bien que parfaitement interprétées par le pianiste français, ne furent pas une belle entrée en matière pour ce concert. Elles auraient certainement eu beaucoup plus d’effets placées, comme prévu, en milieu de concert, lorsque l’atmosphère particulière de la musique surréaliste aurait déjà été installée.
Après cette introduction contrastée, Omer Bouchez au violon et Yan Levionnois au violoncelle ont rejoint le pianiste pour interpréter le Trio de Charles Ives. Terminée en 1911, l'œuvre dépeint des journées de cours à l’université comme Charles Ives a pu en vivre lorsqu’il était étudiant à Yale. Les artistes ont pris quelques minutes à totalement entrer dans leur pièce, mais nous ont ensuite offert de formidables moments musicaux, notamment les fins des premier et troisième mouvements.
La deuxième partie fut introduite par des explications très intéressantes de Yan Levionnois concernant toutes les pièces à venir, permettant ainsi un enchaînement fluide des œuvres et un maintien constant de la tension et de l’atmosphère. En premier lieu, nous avons pu profiter d’une magnifique interprétation tout en énergie de La Création du Monde de Darius Milhaud dans son arrangement pour piano et quatuor à cordes (Op. 81b). Ont suivi une première interprétation des Vexations pour piano seul d’Erik Satie (Nous avons eu droit à 3 répétitions du motif au lieu des 840 prévues pour une durée de 18 heures et 40 minutes), des Trois pièces d’Igor Stravinsky et une deuxième interprétation des Vexations. Nous avons ensuite pu vivre l’expérience qu’est l'œuvre 4’33’’ de John Cage. Cette deuxième partie fut brillamment construite et menée, donnant naissance à une tension palpable de la première note du quintette à la dernière seconde de silence de 4’33’’. Grandement applaudi, les artistes ont souhaité terminer leur concert sur une note plus audible et ont donc interprété un arrangement pour quatuor à cordes et piano de Parade de Satie. Les musiciens ont voyagé d’une atmosphère à l’autre avec justesse et aisance, clôturant de très belle manière ce voyage au cœur du surréalisme.
Grand Manège, 21 novembre 2024
Alex Quitin, Reporter de l’IMEP
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