A Genève, un chef remarquable : Robin Ticciati 

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Pour le premier concert de la saison 2021-2022 donné face à un public réjoui, le Service Culturel Migros invite l’une des grandes formations européennes, le London Symphony Orchestra dirigé par le jeune Robin Ticciati, l’actuel directeur musical du Festival de Glyndebourne et le chef attitré du Deutsches Symphonie-Orchester de Berlin. 

Le programme présenté au Victoria Hall de Genève le 20 octobre débute par le Concerto pour alto et orchestre de Sir William Walton écrit à l’intention de Lionel Tertis qui refusa de le jouer à cause de sa modernité. Ce n’est rien moins que Paul Hindemith qui en assura la création le 3 octobre 1929 au Queen’s Hall de Londres sous la direction du compositeur. Ici la partie soliste incombe à l’altiste français Antoine Tamestit qui, sur le canevas énigmatique des cordes, développe un cantabile magnifique que la densité du tutti amènera à un ‘stringendo ‘ à la virtuosité ébouriffante. En jouant de l’accentuation sur les temps faibles, le bref scherzo est emporté par une vitalité tout aussi débordante, alors que l’Allegro moderato conclusif est dessiné par un basson nonchalant auquel l’alto répond par un chant élégiaque devenant douloureux après la longue envolée orchestrale. Par la reprise du thème initial chargé d’une mélancolie oppressante, cette œuvre surprenante s’achève en points de suspension. Devant le succès nourri qu’elle remporte, Antoine Tamestit propose une page de Bach bouleversante dans sa simplicité.

En seconde partie, Robin Ticciati présente un classique du répertoire, la Quatrième Symphonie en mi mineur op.98 de Johannes Brahms. Bénéficiant de la qualité de chaque pupitre, il délivre le thème initial avec légèreté en s’appuyant sur la pulsation interne pour produire un legato large que les sonneries de cuivres zébreront d’éclats tempétueux atteignant leur paroxysme dans la coda. Sur le pizzicato menaçant des cordes, les cors péremptoires exposent le premier motif de l’Andante moderato qui s’assouplira avec le tapissage des violons sous le dialogue des bois. L’Allegro giocoso passe d’une véhémence énergique aux pianissimi les plus ténus, tandis que le Final, ployant sous des cuivres écrasants, exacerbe les lignes pour conclure sur des accents triomphants. En réponse aux hourras de l’auditoire, le maestro exprime sa gratitude avec quelques mots de français et l’une des Légendes op.59 de Dvorak à titre de bis. Une superbe soirée !

Paul-André Demierre

Genève, Victoria Hall, le 20 octobre 2021

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