Apprendre à aimer le hip-hop: de l’intérêt d’une approche sociologique de la musique

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Nous sommes en direct des demi-finales du Concours Reine Elisabeth 2019. Une musicienne classique au micro de Camille de Rijck s’extasie devant la complexité technique d’une œuvre qui vient d’être interprétée en ajoutant : « Ah ça, ce n’est pas de la simple musique pop ! ». Le journaliste de la RTBF rattrape vite le coup en spécifiant « Oui, avec tout le respect que nous avons pour nos collègues du milieu de la pop. » Je suis très déçue de n’avoir pas pu remettre la main sur l’enregistrement de cet incident à la fois drôle et gênant auquel j’ai assisté en direct, tant il m’a frappé et tant j’aurais voulu le partager.

Quelques jours plus tard, mon compagnon me montre un article croustillant trouvé sur Slipped Disc[1]. Sujet de l’article : L’attribution du prix Pulitzer (catégorie musique) au rappeur Kendrick Lamar en 2018. Son auteur, Norman Lebrecht, décrit cet événement comme « un sacré coup de poing dans la figure de la composition contemporaine ». Il poursuit en disant que « tout critique à moitié éveillé aurait pu nommer une douzaine de créations classiques récentes de compositeurs américains qui auraient mérité une considération sérieuse » et demande aux membres du jury s’ils pourraient expliquer leurs critères.

La vérité est que le seul critère est le suivant : la commission Pulitzer décerne chaque année le prix à « une composition musicale remarquable écrite par un Américain, créée ou enregistrée aux États-Unis pendant l’année ». A l’instar du prix Nobel de littérature octroyé à Bob Dylan, ce Pulitzer marque une première dans l’Histoire : aucun artiste de chanson populaire, encore moins de hip-hop, n’avait reçu cette récompense auparavant. Mais alors que même les fans de Dylan n’étaient pas tous sûrs que des chansons puissent être qualifiées de « littérature », DAMN., l’album pour lequel Lamar reçoit ce prix, est indéniablement une œuvre de musique contemporaine américaine. La seule règle que le jury ait enfreinte, c’est la règle implicite selon laquelle ce prix est réservé aux musiciens des sphères de la musique savante (à savoir, la musique écrite).

 David Hajdu, un des membres du jury pour le prix de 2018, explique qu’une centaine de compositions ont été considérées, « dont certaines œuvres de musique classique qui puisent leurs sources dans le hip-hop », ce qui a mené à un débat philosophique sur ce qui pouvait être proposé. « Cela nous a conduit à mettre sur la table le fait que [le hip-hop] a de la valeur en tant que tel et pas seulement en tant que ressource au service d’un domaine qui est plus largement reconnu par les institutions culturelles comme sérieux ou légitime. » [2]

Le monde classique américain est divisé. Beaucoup se réjouissent de voir les frontières culturelles s’estomper. Ted Hearne, finaliste pour le prix, répond au magazine Slate : « Le genre du hip-hop a été très important pour moi en tant que compositeur, tout particulièrement le travail de Kendrick. C’est un artiste tellement audacieux, expérimentateur et authentique. Il fait partie de ceux qui créent de la musique véritablement nouvelle. »[3] D’autres sont nettement moins enthousiastes…

 Un internaute commente l’article de Lebrecht : « Évidemment, c’était une décision politiquement correcte, une tentative de surfer sur la vague de populisme, participant par un geste symbolique à la tyrannie de la majorité pour éliminer toute trace de qualité artistique […]  pour que les sous-développés puissent participer au glamour de l’art, sans avoir besoin d’en acquérir les capacités nécessaires. » Ces termes, si agressifs m’aient-ils semblé, ne m’étaient cependant pas peu familiers.

Nombreux sont les adeptes de la musique classique qui ont du mal à apprécier le hip-hop (tout en écoutant volontiers, pour certains, les grands noms de la pop/rock/folk/…). J’avoue en faire partie. J’ai grandi dans un environnement culturel où le hip-hop n’était pas valorisé, il était même parfois privé du statut même de “Musique”. “Du bruit”, “des obscénités”, “du divertissement facile pour les pauvres gens mal éduqués” : voilà ce que j’ai entendu dire du hip-hop en grandissant, et ce que j’ai moi-même fini par en penser. Dès que j’en entendais par hasard, mes a priori m'empêchaient de lui donner une chance, sous prétexte que cette forme de musique “primitive” ne méritait pas mon attention sérieuse. C’était mon habitus, un comportement inhérent à mon éducation, alors que je m’imaginais si progressiste par rapport à mes ainés. Naïvement, je me félicitais d’aimer une forme d’art ésotérique, transcendante, supérieure à la musique “commerciale” que la radio faisait avaler aux gens ignorants.

C’est là, la grande hypocrisie dont j’étais coupable. J’étais la première à expliquer à mes amis qu’il fallait apprendre à aimer la musique classique, que cela leur demanderait de s’éduquer à un langage musical et à des codes qui ne leur étaient pas familiers, que pour comprendre la “Grande Musique” (la sacro-sainte trinité de Bach, Mozart et Beethoven), il fallait pouvoir les replacer dans un certain contexte. Mais j’étais celle qui capitulait après 5 minutes d’écoute de hip-hop -sans doute un des genres musicaux populaires qui nécessite le plus de remise en contexte pour le néophyte.

J’émettais un jugement avant d’observer l’œuvre, un peu comme les critiques qui publiaient leurs articles avant même l’ouverture du « Salon des Refusés » à Paris sous Napoléon III. Je ne savais pas à l’époque que je perpétuais l’ethnocentrisme de classe (que dénonçait le sociologue Richard Hoggart dans “La culture du pauvre” en 1970) de l’intellectuel qui, détenteur monopoliste de la définition sociale de la culture, juge les cultures des autres groupes sociaux et le comportement de ceux qui en font partie à partir des valeurs de sa propre culture. L’image dévalorisante de la classe populaire n’est pas gratuite. Elle permet à la classe dominante de se valoriser, de légitimer sa domination.

 Montaigne était un des premiers à souligner l’importance du contexte pour comprendre l’art. Lors de ses nombreux voyages, il tenait des carnets de voyage sous forme de collections d’œuvres d’art. Il remarqua, avec le recul, que ses descriptions des œuvres étaient un peu décousues et il en déduisit que, pour comparer des modes et des pratiques artistiques, il fallait absolument les replacer dans leur contexte. Sans contexte, on ne fait que de vaines comparaisons dans le vide.

 En écoutant du hip-hop, s’arrêter au premier juron entendu, au premier vers rappé sur un ton trop agressif à notre goût, c’est refuser de voir la toile complexe de références intertextuelles qui y abondent. C’est passer à côté du fait que des rappeurs comme Kendrick Lamar peuvent souvent incarner des personnages différents au sein d’une même chanson. C’est oublier que le hip-hop traite de sujets qu’on ne veut pas toujours regarder en face -les artistes afro-américains y trouvent souvent un moyen d’exprimer les blessures de la précarité, des violences urbaines, de l’incarcération et du racisme institutionnalisé. Lamar est né à Compton (Californie), une ville tellement ravagée par la violence des gangs que le C de Compton s’est officieusement transformé en B, initiale du gang des Bloods. (Ce court reportage réalisé par Vice montrant Lamar en visite dans son quartier d’origine ouvre bien les yeux aux réalités de Compton : https://www.youtube.com/watch?v=CA1EmLFi4OA - sous-titres disponibles en français) Réputé good kid (enfant sage), le jeune Lamar a toujours évité de s’impliquer dans la violence.

Âgé aujourd'hui de 32 ans, il vit encore avec la culpabilité du survivant, ayant perdu beaucoup d’amis dans la violence des gangs. Conscient des responsabilités liées à son succès, il s’interroge constamment sur ses faiblesses et ses contradictions à travers sa musique. Son œuvre est tellement représentative de ce que traversent les Afro-Américains que sa chanson « Alright » est devenue un hymne du mouvement Black Lives Matter [4].

 En 1893, Dvořák prophétisait une nouvelle ère où la musique « Negro » triompherait. Dans l’entre-deux-guerres, Carl Van Vechten prédisait que les compositeurs de blues, de ragtime et de jazz seraient les « vrais grands-parents du Grand Compositeur Américain de 2001 ». Pourtant, beaucoup de jeunes instrumentistes et compositeurs noirs du XXe siècle se sont vite heurtés à un mur de racisme lorsqu’ils ont tenté de se faire un nom dans la musique classique. Comprenant que les institutions classiques n’avaient pas de place pour eux, ils se sont finalement tournés vers le jazz… puis toutes ses sous-branches que l’Histoire a vu naître et qui forment aujourd’hui la base de la musique populaire occidentale. Les styles musicaux du XXe siècle fondés par les Afro-Américains ne furent acclamés par les bourgeois qu’à partir du moment où des musiciens blancs les ont adoptés: le ragtime avec Irving Berlin, le jazz avec Paul Whiteman, le swing avec Benny Goodman...

Aujourd’hui, le jazz est plutôt reconnu comme un genre au statut social comparable à celui de la musique classique, même s’il ne s’adresse pas exactement au même public. Dans certaines branches du monde très diversifié du jazz, des adeptes (souvent blancs) font même preuve d’un snobisme inversé où l’on s’auto-congratule d’avoir rejeté l’élitisme de la musique classique. Notons cependant que seuls trois musiciens de jazz afro-américains ont reçu un Pulitzer depuis l’ouverture de la catégorie musique en 1943 (Wynton Marsalis, Henry Threadgill et Ornette Coleman), le premier de ces trois prix datant seulement de 1997 ! Étonnamment, ce ne sont pas les œuvres les plus marquantes de ces artistes qui furent récompensées, mais celles qui étaient composées justement au moment où le jury s’est dit qu’il serait temps de faire un geste de reconnaissance envers le jazz… une sorte de prix de consolation. Notons que de nombreux critiques et fans de Kendrick Lamar considèrent aussi que To Pimp a Butterfly, son album précédent, était nettement supérieur à DAMN. Parallèlement, même les artistes blancs n’étaient pas récompensés au pic de leur carrière mais des années plus tard (par exemple, Steve Reich en 2009 pour son Double Sextet). Pire encore, les musiciens noirs les plus importants de l’Histoire, tels Duke Ellington, John Coltrane et Miles Davis, n’ont pas simplement reçu leur Pulitzer trop tard, ils ne l’ont pas reçu du tout ! En 1965, le jury proposa d’attribuer le prix à Duke Ellington, mais le conseil d’administration opposa son veto et il n’y eut pas de prix cette année-là. Du haut de ses 67 ans, il aurait alors dit « Le Destin me sourit. Il ne veut pas que je sois célèbre trop jeune. » Il reçut une mention spéciale à titre posthume en 1999.

Ces institutions que le sociologue René Loureau qualifie de paradoxalement conformistes et innovantes, quelle importance ont-elles dans nos vies ? Comment le public est-il conditionné par les institutions artistiques qui donnent des prix aux artistes ? On aimerait croire qu’on en est beaucoup plus affranchis qu’aux siècles passés. Mais regardez les vagues de publicité qu’elles génèrent dans les médias (pensez aussi aux Grammys, aux Oscars, aux Nobels, au Concours Reine Elisabeth …). Constatez le tremplin de carrière qu’un prix peut offrir à un auteur qui affiche « Prix Goncourt » sur la couverture de son livre. Les réactions autour du Pulitzer de Lamar nous montrent que la société n’y est toujours pas indifférente. Le prix Pulitzer a qualifié DAMN. de « collection virtuose de chansons unifiée par son authenticité vernaculaire et son dynamisme rythmique, offrant des vignettes touchantes capturant la complexité de la vie africaine-américaine moderne. » Après avoir lu cela, je me suis forcée à écouter sa musique autrement… sérieusement. J’ai fait ce que l’on demande souvent à ceux qui n’écoutent pas du classique : sortir de ma zone de confort musicale pour élargir mes horizons.

 Je suis de plus en plus convaincue de ce qu’a dit Alban Berg au jeune Gershwin quand ce dernier hésitait à lui jouer une de ses œuvres au piano: « Mr. Gershwin… music is music. » Refuser de reconnaître le hip-hop comme véritable art musical témoigne d’une conception très étroite de ce que la musique peut être et peut devenir. Les œuvres dodécaphoniques de Schoenberg peuvent-elles être considérées comme de la musique ? Je n’en doute pas. Est-ce quelque chose que j’aime écouter ? Pas nécessairement. Mais cela ne remet pas en question sa nature intrinsèque, et j’apprécie les complexités et le travail intellectuel que cela représente. Le sociologue Howard Becker dans « Le monde des arts » définit une œuvre d’art par 3 caractéristiques : l’aspect technique, le message qu’elle véhicule et l’intentionnalité de l’acte. Lamar fait preuve d’une virtuosité technique remarquable. Ses textes sont si moralement complexes qu’un nouveau sens se dévoile à chaque écoute. Musicalement aussi, il n’hésite pas à conjuguer des ambiances diamétralement opposées au sein d’une même chanson pour nous surprendre à chaque tournant. Il juxtapose les samples et les instrumentations de façon aventureuse, dans un jeu constant de timbres de voix, de couleurs instrumentales, de textures rythmiques, tel un réel orchestrateur.

 Si ce n’est la nature même de la musique, certains dénoncent le contenu textuel des chansons de hip-hop qui perpétueraient des idées violentes et sexistes. Je ne connais pas suffisamment de rappeurs différents pour me faire une opinion de façon générale. Mais Lamar n’abuse pas des femmes dans son langage. Il ne faut pas confondre sa critique d’un système violent avec une incitation à la haine. La bonne musique ne peut pas contenir des paroles grossières ? Adieu à « L’opéra de quat’ sous », alors ! La musique ne peut pas faire référence au sexe et autres sujets contentieux ? Aux oubliettes, Mozart (Don Giovanni), Bizet (Carmen) et R. Strauss (Salome) !

 Un autre argument soulevé par les réactionnaires est que Kendrick Lamar n’avait pas besoin des 15 000 dollars de récompense, jouissant déjà d’une fortune et d’une célébrité plus que suffisantes. Si certains pensent que le rôle des institutions comme le Pulitzer est de donner un coup de pouce (économique et publicitaire) à des artistes de musique savante pour qui les opportunités sont plus rares, le musicien/youtubeur Adam Neely, répond que « le prix Pulitzer ne devrait pas être une œuvre charité »[5]. Plutôt que de voir ce genre de prix comme une subvention, il le conçoit comme une reconnaissance envers un travail de composition distingué qui a un impact et une importance dans la culture américaine.

 Mais à l’origine de tous ces débats, quels sont les mécanismes sociaux et psychologiques qui poussent certains musiciens du monde classique à s’indigner autant face au prix de Lamar ? Se sentiraient-il menacés d’extinction ? Encore une fois, une approche sociologique peut nous aider à comprendre.

 Alex Ross, critique pour The New Yorker, l’explique de manière très lucide : « Au XIXe siècle, on a fait de Beethoven un demi-dieu, débutant un processus de fétichisation du passé qui a eu un effet dégradant sur le moral des compositeurs vivants. ‘Si personne ne s’intéresse à notre musique, se sont dit les compositeurs, autant écrire entre nous, pour une niche de connaisseurs.’ C’est cette mentalité qui donna naissance au phénomène d’Arnold Schoenberg.

La relation entre le compositeur et le public se transforma en cercle vicieux ; plus le compositeur affirmait son indépendance, plus le public s’attacha au passé. »[6]. De nos jours, les compositeurs contemporains doivent non seulement vivre avec la concurrence de œuvres du « grand » répertoire, mais aussi avec celle de la pop dite commerciale.

 Selon la notion de capitaux du sociologue Pierre Bourdieu, la classe des dominants se divise en trois sous-catégories : les dominants-dominants (qui détiennent un certain capital économique, social et culturel), les parvenus (qui détiennent ces mêmes capitaux à l’exception du capital culturel qu’ils n’ont pas pu acquérir en gravissant les échelons depuis la classe moyenne voire la classe des dominés) et les intellectuels (qui ont le capital culturel et un réseau de contacts développé, mais pas beaucoup de capital économique). On classerait sans aucun doute Kendrick Lamar dans la classe des parvenus, des nouveaux-riches, si l’on peut dire. Mais le Pulitzer, tout à coup, fait apparaître chez lui un certain capital culturel que l’on ne reconnaissait pas avant. La définition de la « Culture » avec un grand C serait-elle en train de changer ?  Petit à petit, certains intellectuels rejettent l’idée de la Culture au profit d’une vision plus égalitaire et moins ethnocentriste (cf la « Maisons des cultures » à Molenbeek-Saint-Jean). Si l’on considère la définition de la culture de Claude Javeau (manière d’être, de sentir, de penser, de faire, bref de vivre, propre à un groupe social donné), il y a autant de cultures qu’il y a de groupes sociaux identifiables. Notre manière d’écouter la musique de quelqu’un d’autre est souvent très révélatrice de nos préjugés vis-à-vis de sa culture. Et si le progrès vers un monde de fraternité entre tous les peuples passait par l’éducation à l’écoute musicale dans toute sa diversité? Et si la musique pouvait nous aider à changer notre regard sur l’autre ?

Aline Giaux

[1] N. LEBRECHT, Pulitzer Jury: no Contemporary Classical Work was Prizeworthy, in Slipped Disc, (https://slippedisc.com/2018/04/pulitzer-jury-no-contemporary-classical-work-was-prizeworthy/ ), 17 avril 2018.

[2] J. COSCARELLI, Kendrick Lamar Wins Pulitzer in ‘Big Moment for Hip-Hop’ , in New York Times, (https://www.nytimes.com/2018/04/16/arts/music/kendrick-lamar-pulitzer-prize-damn.html ), 16 Avril 2018.

[3] M. MARTINELLI, This Year’s Other Two Pulitzer Finalists on Losing to Kendrick Lamar, in Slate, (https://slate.com/culture/2018/04/pulitzer-finalists-michael-gilbertson-and-ted-hearne-on-kendrick-lamars-win.html ) 17 avril 2018.

[4] Le mouvement Black Lives Matter (qui se traduit par “Les vies des Noirs comptent”) a vu le jour en 2013 suite à de nombreux cas de citoyens afro-américains tués par des policiers - dont le célèbre meurtre de Michael Brown dans la ville de Ferguson. Les membres du réseau décentralisé de BLM se mobilisent contre la brutalité policière, le profilage racial et l’inégalité raciale dans le système de justice criminel des États-Unis.

[5] https://www.youtube.com/watch?v=q8Ua5nxOFk0 )

[6] A. ROSS, Listen to this: A classical kid learns to love pop – and wonders why he has to make a choice », in The New Yorker, 8 février 2004.

Crédits photographiques : Photo credit: NRK P3 on VisualHunt / US Department of State on Visualhunt.com

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