Arensky : des nuits d’Egypte pas très câlines
Anton Stepanovich Arensky (1861-1906) : Nuits egyptiennes, op.50. Moscow Symphony Orchestra, Dmitry Yablonsky. 1996. Livret en anglais. 50:38. Naxos 8.573633.
Dans les années 1980/1990, le label Marco Polo, fondé comme Naxos par le visionnaire Klaus Heymann, avait fait œuvre de précurseur en enregistrant des pans entiers de répertoires oubliés avec des orchestres de l’ex-bloc de l’Est ou de l’ex-URSS. Solidement réalisées à défaut d’être géniales, ces interprétations avaient le grand bénéfice de porter à notre connaissance des partitions jusque-là négligées et souvent limitées à des lignes dans des ouvrages de musicologie. Une trentaine d’années plus tard, ces versions restent, bien hélas, les seules qui permettent d’accéder à ces oeuvres...
C’est dans ce contexte que l’on retrouve désormais sous étiquette sœur Naxos, cette unique intégrale du catalogue du ballet : Nuits égyptiennes d’Arensky. Élève de Rimski-Korsakov et professeur de Rachmaninov et Scriabine au Conservatoire de Moscou, ce compositeur fut, comme tant de ses contemporains, séduit par l’imaginaire oriental avec l’Egypte comme symbole d’un orient fantasmé. Comme son compatriote Glière qui composa au début du XXe siècle, un ballet intitulé Cléopâtre, Arensky puisa son sujet dans la nouvelle Nuits égyptiennes de Pouchkine. Composé en 1900, la partition ne fut pourtant créée qu’en 1096 sur la scène du Mariinsky de Saint-Pétersbourg. La musique est efficace, inévitablement influencée par Tchaikovsky mais sans la force géniale de ce dernier. Il faut une baguette virtuose et un solide sens du rythme pour transcender cette suite de numéro certes bien orchestrés mais un peu académiques dans les mélodies.
Le lecture de Dmitry Yablonsky est solide, carrée, efficace, mais elle reste très terre à terre au pupitre d’un orchestre appliqué. En l'absence d’autre proposition dans cette intégrale -car le génial Svetlanov n’a gravé que la suite- il faudra encore patienter pour apprécier une autre proposition interprétative.
Son : 8 – Livret : 7 – Répertoire : 7 – Interprétation : 7
Pierre-Jean Tribot