Britten : Eros et Thanatos

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Benjamin BRITTEN (1913-1976) : Mort à Venise. John DASZAK (ténor), Leigh MELROSE (baryton), Anthony ROTH COSTANZA (contreténor), Duncan ROCK (baryton), chœur et orchestre du Teatro Real de Madrid, dir. : Alejo PEREZ. Mise en scène : Willy DECKER ; chorégraphie : Athol FARMER ; réalisation : François ROUSSILLON. DVD–2018–152’–Texte de présentation en anglais–Naxos 2.110557

Filmé le 17 et le 19 décembre 2014 au Teatro Real de Madrid, l’opéra en deux actes Mort à Venise de Benjamin Britten, créé au Festival d’Aldeburgh en juin 1973, vient enfin de paraître en DVD. Comme on le sait, il narre les derniers moments d’un écrivain allemand, qui se rend à Venise, alors que la ville est en proie à une épidémie de cholera cachée par les autorités locales, dans l’espoir de renouveler son inspiration, et qui est fasciné par la beauté d’un adolescent polonais en villégiature avec sa famille. Autant dire que l’argument de ce sombre drame lyrique, adapté d’une nouvelle de Thomas Mann, est l’éternel et effrayant combat entre Eros et Thanatos, un thème cher au compositeur anglais, lequel a écrit là une musique suave, aux limites de l’atonalité, alternant les passages chantés et les airs de danse, dans une suite de dix-sept scènes assez courtes, mais le plus souvent des plus suggestives.

La mise en scène de Willy Decker est toute pudique, ce qui n’exclut pas des passages montrant clairement l’attirance sexuelle qu’éprouve l’écrivain envers le jeune garçon et les rêves obsédants que ce dernier suscite chez lui. Elle rappelle parfois les séquences du film éponyme tourné par Luchino Visconti en 1971, avec Dirk Bogarde dans le rôle principal. Quant aux décors, ils sont sobres, presque minimalistes, avec d’heureuses trouvailles, notamment ceux du luxueux palace où se déroule une grande partie de l’action. On ne peut que saluer la performance du ténor britannique John Daszak, présent sur la scène d’un bout à l’autre de l’opéra, sans jamais cabotiner, le rôle d’un personnage agonisant et torturé pouvant se prêter à de très désagréables excès. Et saluer en même temps le chef argentin Alejo Perez, tout récemment nommé directeur à l’Opéra des Flandres, qui a assimilé Benjamin Britten à la perfection.

Jean-Baptiste Baronian

 

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