Joseph Calleja : ténor verdien à son zénith

par

Giuseppe VERDI (1813-1901) : airs d'opéras.  Orquestra de la comunitat valenciana, Ramon TEBAR.  2018-DDD- présentation et textes en anglais, allemand, français, italien- chanté en italien- DECCA 483 1539.

Le hasard voulut que le premier enregistrement d’un jeune ténor totalement inconnu, né en 1978 dans île de Malte, émerveille l’auteur de ces lignes, il y a plus d’une dizaine d’années. Le velours d’un timbre déjà assez sombre, un phrasé investi, viril et caressant, la générosité d’un chant aussi ardent que précis (cf. archives Crescendo) s’imposaient dès la première écoute. Qu’en est-il aujourd’hui, alors que le chanteur aborde sa quarantième année après avoir construit une carrière brillante et solide (sans qu’inexplicablement, l’on ait eu la chance de l’entendre sur les scènes francophones) ?

L’émerveillement se confirme et redouble : car non seulement ces qualités vocales et dramatiques restent splendidement intactes mais elles se sont approfondies et épanouies. Sans oblitérer la plénitude de la texture vocale, le musicien l’a enrichie d’admirables demi-teintes. Combinées avec une bravoure, une musicalité, une diction exemplaire, cet art presque perdu fait merveille dans les rôles verdien dits plus lourds (Radamès, Manrico, Alvaro et Otello) que le ténor se propose d’incarner sur scène. N’esquivant aucune difficulté (Celeste Aïda) une telle interprétation exacerbe le spectre des émotions et des passions humaines. Colère, jalousie, vaillance ou mélancolie touchent l’auditeur ; mais c’est peut-être dans la tendresse fiévreuse de « La vita e inferno all’felice », acte II de la Forza del Destino ou encore dans le dialogue « Già nella notte densa » avec Angela Gheorghiu (Desdemona) (index 7) qu’il se révèle le plus émouvant. L’orchestre est parfois curieusement capté (introductions instrumentales des pupitres de cordes en particulier), la réplique de Vittorio Vitelli sans grand relief, mais l’ensemble fusionne efficacement et contribue à l’impression de cohérence qui ressort de l’enregistrement. Pour les amoureux de Verdi, voici un superbe hommage.

Bénédicte Palaux Simonnet

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