Bruno Philippe : quand la jeunesse et la maturité ne font qu’un !

par

Sergei Prokofiev (1891-1953) : Symphonie concertante, Op. 125 – Sonate pour violoncelle et piano, Op. 119. Bruno Philippe, violoncelle – Tanguy de Williencourt, piano – Frankfurt Radio Symphony, Christoph Eschenbach, direction. 2019-DDD-65’55-Texte de présentation en anglais, allemand et français-Harmonia Mundi-HMM902608

Le violoncelliste Bruno Philippe est bien connu du public belge, notamment pour sa brillante participation au Concours International Reine Élisabeth. Le jeu de ce jeune artiste acclamé par tous se démarque principalement par une forme de vitalité tant dans l’énergie que dans l’expression que nombre de musiciens rêveraient de maîtriser. Voir et/ou entendre Bruno Philippe, c’est toujours une fête. On reste fasciné par sa franchise et son honnêteté musicale qui ne font jamais défaut. Rien de surprenant donc de voir Christoph Eschenbach, l’un des artistes les plus accomplis du monde musical, partager la scène musicale avec lui. Tout au long de sa carrière (il vient de fêter ses 80 ans en compagnie de l’Orchestre de Paris dont il fut le directeur musical de 2000 à 2010), Christoph Eschenbach n’a eu cesse de découvrir et propulser quelques talents tels que Lang Lang, Tzimon Barto, Julia Fischer… et plus récemment Bruno Philippe. Sa bienveillance et son inépuisable motivation en font un partenaire privilégié.

Prokofiev est au centre de cette parution. La Symphonie concertante est le fruit d’un long cheminement qui démarre en 1934 à Paris (d’abord sur la forme d’un concerto pour violoncelle) pour devenir en 1952, après bien des péripéties et échecs, une Symphonie concertante, titre donné en raison des nombreux échanges entre le compositeur et le soliste, Rostropovitch. Accompagné d’une phalange remarquable d’audaces et de couleurs, l’Orchestre de la Radio de Francfort, Bruno Philippe donne à cette musique un élan de jeunesse caractérisé par une soif de dynamiques et de surprises en tout genre. Le travail sur le timbre associé aux réponses de l’orchestre offre un dialogue constant et homogène. C’est mordant, tantôt ironique, tantôt plus intime. Une lecture en somme vivifiante issue d’une pensée bien faite et respectueuse du matériau d’origine. Dans la Sonate pour piano, on retrouve avec plaisir le clavier tout aussi inspiré de Tanguy de Williencourt. C’est grâce notamment à un partenariat de longue date et une amitié sous-jacente que la version proposée ici passionne l’auditeur. 

D’un classicisme avéré, les deux artistes, en parfaite osmose, tirent de cette sonate une expression sans failles tout en déployant une touche bien personnelle. Le jeu est structuré, précis, bien pensé, signe d’un travail de fond efficace. La générosité de Bruno Philippe répond au piano poignant et attentif de Tanguy de Williencourt. Les nombreuses difficultés techniques, mais aussi esthétiques, n’ont aucune emprise sur les artistes, offrant de fait une liberté totale dans le travail stylistique… C’est beau et enivrant, l’excellence au plus haut niveau. 

Ayrton Desimpelaere

Son 10.- Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

 

 

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