Buchbinder : (Diabelli)³

par

Ludwig van Beethoven (1770-1827) : 33 variations sur une valse par Anton Diabelli en Ut Majeur, Op.120. Anton Diabelli (1781-1858) : Valse en ut majeur. Oeuvres de Lera Auerbach, Brett Dean, Toshio Hosokawa, Christian Jost, Brad Lubman, Philippe Manoury, Max Richter, Rodion Shchedrin, Johannes Maria Staud, Tan Dun, Jörg Widmann, Johann Nepomuk Hummel, Friedrich Kalkbrenner, Conradin Kreutzer, Ignaz Moscheles, Franz Xaver Mozart, Franz Schubert, Carl Czerny. Rudolf Buchbinder, piano. 2019 et 2020-Livret en allemand et anglais. 47’51’’ et 48’08’’. 2 CD DGG 483 7707.

Dans le flot des parutions de plus en plus markerting de DGG, cet album étonne par son concept assez intellectuel ! De plus, il marque l’entrée du vénérable Rudolf Buchbinder dans le catalogue de la maison berlinoise ; en effet, au long de sa longue carrière, le pianiste allemand n’avait pas encore enregistré en solo chez DGG. Si Rudolf Buchbinder est une super star dans les pays germanophones et en Europe centrale, il reste largement sous-estimé dans les pays latins. Pour son entrée sous la marque jaune, le musicien remet sur le métier les Variations Diabelli de Beethoven, qu’il enrichit à sa manière. 

L’Histoire des Variations Diabelli est connue ! A la base, il y a la commande d’Anton Diabelli, éditeur et compositeur, à plus de cinquante compositeurs ; tous étaient invités à écrire une variation sur sa propre valse, un égo-concept publicitaire assez visionnaire ! Si une cinquantaine d’entre eux répondirent favorablement, Beethoven, après avoir refusé devant la “faiblesse” du modèle, accepta de livrer l’exercice, mais….augmenté dans de larges proportions ! En effet, le Grand sourd livra trente-trois variations... Comme on peut s’en douter, seule l’oeuvre de Beethoven survit au temps, les autres tentatives furent oubliées. Mais Rudolf Buchbinder avait, en 1973, pour Teldec (désormais Warner), enregistré l’ensemble des Variations….de Beethoven et de ses autres collègues. Cet album qui figure toujours au catalogue reste une référence dans l’appréciation du projet de Diabelli. Mais la version 2020 change quelque peu : Buchbinder n’a pas (heureusement) ré-enregistré l’intégralité des variations. En plus du cycle de Beethoven, il a sélectionné ses huit autres variations préférées mais augmentées cette fois de regards contemporains : douze compositeurs avaient été invités à proposer de nouvelles variations ! L’album n’en présente que onze car la douzième avait été commandée au grand K. Penderecki, mais ce dernier n’a hélas pas pu la finaliser. Il n'empêche, on retrouve une belle sélection de talents de notre temps par l’origine géographique et le style, y compris le François Philippe Manoury, le compositeur hexagonal le plus reconnu hors des frontières françaises.    

Du côté de l’interprétation, on retrouve tout le sérieux du Professeur Buchbinder, un piano bien ficelé, avec un dosage parfait des équilibres, même si c’est un pianisme un peu droit par sa rigueur. Nos confrères allemands et autrichiens vont sans doute crier au génie. Si on préfère d’autres interprétations dans les variations beethovéniennes (Kovacevich-Warner, Anderszewski-Warner, Levit-Sony, Gulda-Edel, Arrau-Philips), il est sans concurrence dans la partie des autres variations. 

Bien capté, cet enregistrement s’écoute sans déplaisir et offre surtout un projet éditorial intéressant ! 

Son : 10 Livret : 8 Répertoire : 9 Interprétation : 9

Pierre-Jean Tribot

 

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