C.P.E. Bach en Auvergne, le remède contre la morosité !

par

Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) : Concerto pour piano, cordes et basse continue en ré mineur WQ 23 ; Rondo pour piano n°2 WD59/5.2 (Bis). Orchestre national d'Auvergne, piano et direction : Christian Zacharias. 2019. Orchestre National d'Auvergne Live .21 Music 067   

En cette période de confinement qui éprouve une bonne partie d’entre nous, un tel album devrait être remboursé par notre sécurité sociale tant il fait du bien au moral ! Quelle sensation de vie ! La tendresse, la lumière et la paix sont aussi de la partie. Quel plaisir ! Ces impressions tranchent tellement avec le contexte chaotique et morbide qui nous entoure depuis maintenant quelques semaines.

La critique d’un nouvel enregistrement se doit sûrement de différencier l’exécution en elle-même des circonstances de son écoute pour faire place à l’objectivité, mais comment faire ici ? Votre serviteur qui partage son existence avec une (courageuse) soignante fait également partie -à la vie- de cette fameuse deuxième ligne qui reste active, au travail, sur le front avec tout ce que cela comporte moralement et psychologiquement. Critique oui, cri du cœur aussi car la musique, surtout quand elle aussi bien servie transcende notre quotidien et nous offre la chance de nous en échapper quelques minutes, nous donne du courage, des fois de l’espoir. Rien que pour cela, chapeau à Christian Zacharias et à l’Orchestre National d’Auvergne !

À ce propos quelle rencontre ! Quelle idée géniale que d’associer l’éclat d’un soliste et l’impertinence de la formation auvergnate qui confirme ici l’excellente impression laissée lors de son précédent opus. Non seulement Zacharias est un pianiste et un chef reconnu, mais c’est un architecte de la perfection. Depuis son clavier, on l’imagine ciselant chaque mesure, chaque note de ce Concerto pour piano, cordes et basse continue en ré mineur de Carl Philipp Emanuel Bach, le second fils survivant du grand Jean-Sébastien Bach.

Si le premier mouvement est parfois un brin prussien, façon passage de Barry Lindon à la cour de Frédéric II, le second mouvement Andante est une bouffée salvatrice de douceur, de félicité. On respire avec le Bach berlinois. C’est comme une invitation à l’évasion, mais sans avoir besoin d’une attestation datée et signée. Dommage que cela ne dure pas une heure ! L’Allegro assai est contagieux au bon sens du terme par sa joie de vivre et sa vigueur. Les cordes sont flamboyantes, ça claque, on jubile !

C’est moderne, c’est beau et cela fait tellement plaisir ! Ce nouvel album que nous offre l’Orchestre National d’Auvergne est une forme de résistance, c’est un manifeste, un tract contre l’apathie et la morosité. Merci pour cela, amis auvergnats. Nous attendons la suite de vos exploits avec impatience.

 Son : 10 Répertoire : 9  Interprétation : 10

Bertrand Balmitgere

(Parution le 17 avril). Dès à présent en précommande : https://music-artsnetwork.ffm.to/cpebach.owe

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