Chostakovitch joue Chostakovitch

par

Dimitri CHOSTAKOVITCH (1906-1975) : Œuvres diverses pour piano seul - Sonate pour violon - Sonate pour violoncelle - Trio pour piano n° 2 - Quintette avec piano - Concertos pour piano n° 1 et n° 2 - Concertino pour deux piano - Symphonie n° 10 (arrangement pour deux pianos) - Poésie populaire juive (extraits). Dimitri CHOSTAKOVITCH (piano), David OISTRAKH (violon), Daniil SHAFRAN (violoncelle), Milos SADKO (violoncelle), Mieczyslav WEINBERG (piano), Iosif VOLOVNOK (trompette), Nina DORLIAK (soprano), Zara DOLUKHANOVA (contralto), Aleksei MASLENNIKOV (ténor), Quatuor Beethoven, Orchestre philharmonique de Moscou (dir. : Samuil SAMOSUD), Orchestre symphonique de la radio de Moscou (dir. : Alexander GAUK). ADD–2019–75’ 17’’, 78’ 52’’, 61’ 57’’, 54’ 41’’ et 72’ 40’’–Textes de présentation en russe et en anglais–Melodia MEL CD 10 02596

Dimitri Chostakovitch était à peine âgé de trois ans lorsque sa mère a commencé à lui apprendre à jouer du piano. Durant son adolescence, tout en suivant des cours et en se perfectionnant à Saint-Pétersbourg, il a cru un moment qu’il pourrait mener à bien une carrière de pianiste et, en 1927, il s’est même présenté au Concours international Frédéric Chopin à Varsovie avec plusieurs autres pianistes soviétiques dont Lev Oborin qui, lui, devait en être le lauréat. Par la suite, il a aussi été pianiste de cinéma, avant de renoncer à ce travail (à l’époque, il en vivait assez mal) pour se mettre davantage à la composition et devenir bientôt un des musiciens les plus célèbres, aux quatre coins du monde. Mais la notoriété et la gloire ne l’ont jamais empêché de continuer de jouer régulièrement du piano en public, grosso modo jusqu’en 1966, et en particulier d’interpréter en concert certaines de ses propres œuvres, seul ou avec des partenaires illustres comme David Oistrakh ou Daniil Shafran.

C’est l’enregistrement de l’immense majorité de ces interprétations, toutes réalisées après la Seconde Guerre mondiale, qu’on trouve sur ce coffret contenant cinq disques. Ils posent une question à laquelle il est sans doute impossible d’apporter une réponse définitive : quelle est la réelle légitimité des compositions jouées par leurs auteurs eux-mêmes ? Autrement dit : sont-ils les mieux placés pour les exécuter ? Ou encore : ce qu’ils exécutent constitue-t-il une référence ? Dans le cas présent, on a l’impression, et uniquement l’impression, que Dimitri Chostakovitch est très à l’aise dans sa musique de chambre, mais moins dans ses pièces pour piano seul, et notamment des morceaux de ses 24 préludes et fugues op. 87, écrits en 1950 et 1951. Encore qu’en présence d’un tel créateur, d’une telle personnalité, d’un tel artiste, d’un tel monument de la musique du XXe siècle, il soit mal venu, voire indécent, de faire la fine… oreille.

Jean-Baptiste Baronian

 

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.