Contrastes symphoniques prestigieux mais décevants 

Deux parutions récentes nous rappellent que les affiches les plus prestigieuses sur le papier ne font hélas pas forcément les éclats attendus.  

Strauss et l’ennui par Andris Nelsons

Richard Strauss (1864-1949) : œuvres symphoniques. Yuja Wang,  Yo-Yo Ma, Olivier Latry, Boston Symphony Orchestra, Gewandhausorchester : Andris Nelsons. 7 CD DGG 28948620401 

Cela devait être l’un des grands évènements de ce premier semestre, une série de concerts d’Andris Nelsons, dans les grandes salles de concert d’Europe, au pupitre de ses deux orchestres : le Boston Symphony Orchestra et le Gewandhausorchester Leipzig dans des oeuvres de Richard Strauss.  Notons que ces deux grands orchestres ont été dirigés par Strauss en personne sans oublier leurs grands concerts et enregistrements sous les baguettes de leurs directeurs musicaux et chefs invités, ils connaissent donc les moindres recoins de ces partitions.  

En parallèle, DGG publiait un box proposant une simili intégrale straussienne renforcée de trois solistes : deux de l’écurie du label jaune : Yuja Wang dans la Burlesque pour piano et orchestre et Olivier Latry dans le très secondaire et pompier Festliches Präludium pour orgue et orchestre et une star mondiale du violoncelle Yo Yo Ma dans Don Quichotte. Du fait de la pandémie, la tournée a en partie pris l’eau avec l’annulation de la venue en Europe du Boston Symphony Orchestra et ce coffret est passé complètement inaperçu dans un contexte discographie d’avalanches de parutions.

Lors de ses années au City of Birmingham Symphony Orchestra, Andris Nelsons avait gravé pour Orfeo quelques belles galettes consacrées à Richard Strauss. On notait le sens spectaculaire d’une direction charismatique même si le valeureux CBSO ne pouvait rivaliser avec les grandes phalanges straussiennes européennes et les orchestres de démonstration des USA. Cette fois, au pupitre de formations symphoniques chargées d’histoire et de prestige Andris Nelson réalise un non sens stylistique total ! Vous n’aimez pas Richard Strauss, vous lui reprochez ses effets d’orchestration faciles, sa lourdeur des tutti et ses débauches de volumes sonores ? Ce coffret va vous confortez dans cette vision ! En effet, il est impossible d’adhérer à cette routine de luxe, sans vision, appuyée sur des orchestres certes brillants mais qui découragent à force de débauche de décibels. 

La vie de Héros est insupportable de lenteur et de lourdeur, Till l’espiègle s’enfonce dans une succession de tics de chefs, Aus Italien est d’une lourdeur prussienne, les Métamorphoses sont d’un vide total….On pourrait pour chaque oeuvre ajouter ainsi une liste d’adjectifs dévalorisants. Rien ne vient transcender une platitude stylistique à contre sens : Ainsi parlait  Zarathoustra, la Sinfonia Domestica, Don Quichotte, Don Juan distillent un ennui abyssal.  

Note globale : 3  

Musa Italiana.  Felix Mendelssohn (1809-1847)  : Symphonie n°4 en la majeur « Italienne », op. 90 ;  Franz Schubert (1797-1828) : Ouvertüren im italianischen Stil D. 590 & 591; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Mitridate, Re di Ponto,  ouverture KV 87, Ascanio in Alba, ouverture KV 111, Lucio Silla, ouverture KV 135. Filarmonica della Scala, . 1 CD Decca 4852944

Au pupitre de ses forces scalirèges, Riccardo Chailly nous offre un programme d’inspiration italienne avec une célèbre symphonie de Mendelssohn et des ouvertures de Schubert et Mozart. 

Des enregistrements discographiques et vidéographiques des œuvres de Mendelssohn jalonnent la carrière de Riccardo Chailly. Si cette Symphonie n°4 est bien menée s’avérant à la fois dynamique et conquérante. Elle manque du soleil de la péninsule. Certes l’orchestre est appliqué mais il est se montre gris de sonorité et parfois peu concerné comme si l’on peinait à s’éloigner d’une routine confortable et luxueuse. On peut reprocher ces mêmes défauts aux ouvertures de Schubert de Mozart bien trop linéaires et peu contrastées.  

Certes, c’est moins navrant que le coffret Strauss d’Andris Nelsons mais il était légitime d’attendre plus d’engagements et de couleurs dans un tel répertoire par des interprètes aussi prestigieux. 

Note globale : 6