Dans l'église de Faust avec Gounod

par

Charles GOUNOD (1818-1893) :  Messes brèves n° 5 et 7-Noël-Bethléem-Les sept paroles du Christ sur la croix-An evening service-Pater noster. I Vocalisti Chamber Choir, Hans-Joachim Lustig.  2004-DDD-65'10-Textes de présentation en anglais, français et allemand-Carus 83.490.

On ne trouvera pas dans ces pages religieuses rares une quelconque similitude avec les opéras les plus célèbres de Charles Gounod : Faust, Roméo et Juliette, Mireille, voire même avec sa spectaculaire Messe de Sainte Cécile. Bien qu'elles ne manquent pas de panache, les pièces qui nous sont présentées aujourd'hui sont d'ambition beaucoup plus modeste. La Messe brève n° 7, par exemple, dans sa version pour quatre voix et orgue, est typique du style déclamatoire du Français et est à l'évidence destinée à être exécutée lors de l'office. La Messe brève n° 5 poursuit sans aucun doute le même but mais se distingue de la précédente par des parties d'orgue plus présentes.

Dans l'une et l'autre, le Credo est absent car l'usage voulait qu'il soit chanté par l'assemblée. Le Chant des religieuses, aussi intitulé Noël, alterne les parties de soprano et les tutti d'un choeur de femmes. Bethléem ou Pastorale sur un chant de Noël du 18ème siècle alterne parties jouées à l'orgue et chantées et est d'une charmante fraîcheur. Les sept dernières paroles du Christ, écrites dans le style de Palestrina, sont un témoignage de la maîtrise du compositeur dans l'art de la polyphonie et se distinguent par des motifs traités en imitation telles les figures chromatiques descendantes qui expriment l'épuisement et la douleur du Christ. On ne s'étonnera pas d'entendre ensuite un Service du soir chanté en anglais.

En effet, obligé de s'exiler en 1870, Gounod vivra à Londres une période très riche musicalement, pendant laquelle il s'imprégnera d'une tradition musicale très différente. Enfin, le Pater Noster écrit à la même époque répond aux mêmes caractéristiques stylistiques. L'interprétation de l'ensemble dirigé par Hans-Joachim Lustig est digne de tous les éloges. On regrettera seulement un français hésitant dans les quelques rares pages qui y recourent. Un disque précieux, pas indispensable mais très intéressant pour aller plus avant dans le redécouverte d'un créateur que l'on cantonne bien trop dans un nombre très limité de « tubes » qui ne donnent qu'une image tronquée de sa vraie personnalité.

Bernard Postiau

Son: 9 Livret: 10 Répertoire: 10 Interprétation: 9

 

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