De belles découvertes avec Jean-Paul Gasparian

par

Sergueï Rachmaninov (1873-1943) :  Concerto pour piano n°2 en Ut Mineur, Op.18 ; Arno Babadjanian (1921-1983) : Ballade Héroïque.  Jean-Paul Gasparian, piano ; Orchestre symphonique de Berne, direction : Stefan Blunier. 2022. 55’11’’. Livret en français et anglais. Claves Records. 50-3004

Le Prix Thierry Scherz, décerné à l’occasion du Festival des Sommets Musicaux de Gstaad, récompense un jeune musicien prometteur en lui donnant la possibilité d’enregistrer un CD sous le label Claves Records. En 2020, ce fut Jean-Paul Gasparian, jeune pianiste français d’origine arménienne, qui reçut le prix. 

La première partie de son CD est sans surprise consacrée à Rachmaninov, compositeur auquel le talentueux musicien semble être particulièrement attaché. Il a choisi ici d’interpréter son Concerto No.2 pour piano. Oeuvre très importante dans la vie du compositeur russe, elle est celle qui lui a permis de remonter la pente après la débâcle de la création de sa première symphonie. Nécessitant une grande virtuosité, elle n’est pas à la portée du premier venu. Et c’est avec brio que Jean-Paul Gasparian a relevé le défi. Son jeu est clair et précis, empli de nuances et de contrastes. La virtuosité qu’il déploie d’un bout à l’autre de la pièce est à couper le souffle. Le jeune pianiste dialogue et joue avec l’orchestre, bien que celui-ci le couvre un petit peu trop de temps en temps. En écoutant cette version du Concerto No. 2 de Rachmaninov, le temps s’arrête. L’interprétation de Jean-Paul Gasparian attire toute l’attention et emmene dans un autre monde. Le pianiste brille tout autant dans les passages lents et lyriques, avec une musicalité et une conduction de phrases exceptionnelles, que dans les passages rapides ou plus triomphants. 

La deuxième œuvre quant à elle est la Ballade Héroïque d’Arno Babadjanian. Compositeur malheureusement trop peu connu, Arno Babadjanian est né en 1921 en Arménie et est titulaire de nombreux prix, tel que le titre d’Artiste du peuple de l’URSS. Composée en 1950, sa ballade est très (trop) peu jouée. Dans le livret, on apprend que Jean-Paul Gasparian fut surpris de la capacité de l’Orchestre symphonique de Berne à s'approprier cette œuvre qui leur était pourtant inconnue. Et l’on comprend son sentiment. L’orchestre livre une prestation plus que convaincante et sublime le jeu toujours aussi passionnant et impressionnant du pianiste français. De nombreux styles sont représentés dans cette pièce, et le jeune musicien nous les fait bien ressentir, que ce soit dans les passages dignes des plus grandes musiques de films hollywoodiens de l’Allegro Moderato, dans les mélodies lyriques de L’andante cantabile ou dans les moments plus folkloriques présents tout au long de l’oeuvre. Une belle découverte ! 

Son : 10 - Livret : 8 - Répertoire : 10 - Interprétation : 10

Alex Quitin

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