Deux grandes dames à Monaco: Elisabeth Leonskaja et Marie-Nicole Lemieux

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Le concert dans la série "Grande saison"de l'Orchestre philharmonique de Monte-Carlo du samedi 29 mai devait avoir lieu au Grimaldi Forum et présenter les Carmina Burana de Carl Orff avec le City of Birmingham Symphony Orchestra Chorus, et le Concerto n°3 de  Bartók  avec la pianiste Elisabeth Leonskaja.  Vu l'impossibilité actuelle de faire voyager une chorale depuis le Royaume-Uni, le programme a été modifié et a eu lieu à l'Auditorium Rainier III.

Marie-Nicole Lemieux était l'Artiste en résidence de la saison 2019-2020. Nous la connaissons bien en Belgique où elle a remporté le 1er prix au Concours Reine Elisabeth en 2000 et elle est une invitée régulière des salles de concert. Elle n'a pas pu donner tous les concerts prévus l'année passée. Elle a accepté d'interpréter pour ce concert les splendides Nuits d'été, le chef-d'oeuvre d'Hector Berlioz.

Nous avions admiré Marie-Nicole Lemieux la saison passée en septembre 2019 dans les Sea Pictures d'Edwar Elgar et en janvier 2020 dans les Wesendonck Lieder de Richard Wagner.

Avec sa superbe voix chaude de contralto elle nous ravit à présent dans ces six mélodies choisies par Berlioz dans le recueil des poésies de Théophile Gauthier. Marie-Nicole Lemieux a une diction parfaite et nuancée. Son sens du phrasé et du legato sont d'une rare beauté. Elle interprète le cycle avec intensité, intégrité et beaucoup d'expressions, passant de la douceur au climax retentissant. Les images, les atmosphères, les lumières, les vibrations sont suscitées comme des successions de perceptions aussi sensibles qu'oniriques. Une immersion complète dans le texte, un dialogue parfait entre la voix et l'orchestre sous la direction de Kazuki Yamada en font une performance exceptionnelle.

Le concert commence avec l'ouverture du Corsaire également de Berlioz, qu'il a composé à Nice. C'est un répertoire qui convient très bien à Kazuki Yamada : il nous offre avec l'OPMC une interprétation pleine d'élan, de couleurs et d'enthousiasme.

Elisabeth Leonskaja est surnommée "La dernière grande Dame du piano de l'École Soviétique" ou encore "La lionne du clavier". Depuis sa participation au Concours Reine Elisabeth de Belgique en 1968, où elle a été étonnamment mal classée, elle a collaboré avec les plus grands chefs et ensembles musicaux au monde. A 75 ans, la grande pianiste russe n’a rien perdu de son énergie, de son feu intérieur qui insuffle à chacune de ses interprétations une intensité qui captive son auditoire. Elle plonge en plein romantisme allemand avec le concerto n°2 de Johannes Brahms où elle fait naître la flamme avec nerf et souplesse. Son toucher et son phrasé sont uniques. Intense, lyrique, passionnée, Elisabeth Leonskaja est une immense artiste. Kazuki Yamada est moins inspiré et l'oreille n'est pas flattée comme elle aimerait l'être, on a une impression de lourdeur tout au long du concerto. Il n'y a que dans le mouvement lent où on a atteint une exceptionnelle plénitude, porté par le violoncelle de rêve de Thierry Amadi.

Monte-Carlo, Auditorium Rainier III, 29 mai 2021

Crédits photographiques : J-L Neveu

https://www.crescendo-magazine.be/marie-nicole-lemieux-wagner-sur-le-rocher/

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