Deuxième parution réussie pour l’Orchestre National d’Auvergne. Quand la mort est sublimée…

par

Franz Schubert (1797-1928), Quatuor à cordes en ré mineur "Der Tod und das Mädchen" / La jeune fille et la mort D. 810, Quatuor à cordes en ut mineur Quartett-Satz D. 703. Orchestre national d’Auvergne. Direction : Roberto Forés Veses. 2020. Livret en français et anglais.  OnA. 2

Quand le malheur l’accable l’homme reconnait en la mort sa meilleure amie. Comment pouvait-il en être autrement pour Franz Schubert en cette année 1824 qui voit la composition de ce célébrissime Quatuor à cordes n°14 dit de « la Jeune Fille et la Mort ». De plus en plus touché par la maladie et la ruine, son horizon s’assombrit et ce n’est qu’un début… pour le meilleur et pour le pire…

Le malheur des uns fait le bonheur des autres car c’est une somptueuse marche funèbre que nous offre l’Orchestre National d’Auvergne sous la baguette de Roberto Forés Veses. Désolé Franz, mais vos soucis et votre désespoir sont une aubaine pour nos oreilles ! Une sorte de requiem inexorable qui ne dit pas son nom. Une course vers l’abime, la libération ou pour l’éviter ? Qui sait ? En tout cas le drame est partout souligné par les sublimes cordes de l’ONA. On retrouve ce Schubert que l’on aime, beau, romantique et sans issue. Ce disque est un véritable de trésor qui se passe de plus de commentaires. Tout est juste, raffiné et passionnant. La direction est vive, nette et tranchante et cela se poursuit dans le Quartettsatz qui complète cet album. On sent également la patte d’un autre expert en drames en la personne de Gustav Mahler a qui l’on doit cette transcription. Une merveilleuse surprise qui vous touche au plus profond de votre être, de votre humanité. Heureux êtes-vous d’avoir la chance de bientôt le découvrir. Assurément une des réussites de ce début d'année 2022.   

Au-delà du la partie « audio », ce CD est un projet qui lie l’Orchestre National d’Auvergne au Musée d’Art Roger-Quilliot/Clermont Auvergne Métropole (MARQ) et usant de toiles issues de ses collections. Quelle bonne idée de mettre ainsi en avant les talents locaux de jadis. Cela commence ici par Thomas Degeorge (1786-1854) qui illustre un luxueux digipack.  

« Ne crains rien, donne-moi ta main, je suis ton amie » pour reprendre le poème de Matthias Claudius à la genèse de ce quatuor. Comment ne pas faire un parallèle avec les deux dernières années où la grande faucheuse semblait ne plus nous quitter au travers de l’hécatombe épidémique ? A force de chercher à l’oublier, à la repousser loin de nos yeux et de nos murailles, elle nous effraie, nous terrifie au point de paralyser nos sociétés insouciantes. Pour quel résultat ? Après tout, qui aime la mort aime la vie. En tout cas nous en aimons l’image que nous en livrent Franz Schubert et l’Orchestre National d’Auvergne. Vivement le prochain opus consacré à Jane Evrard. 

Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10

Bertrand Balmitgere

 

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