Essentielle compilation de concertos de Fasch : une réédition au sommet
Johann Friedrich Fasch (1688-1758) : Concertos en ré mineur pour deux flûtes, deux hautbois, deux bassons FWV L:d7 ; en ré mineur pour violon, hautbois FVW L:d4 ; en la majeur pour violon FWV L:A3 ; en ré majeur pour flûte, hautbois FWV L:D11 ; en sol mineur pour hautbois FWV L:g1 ; en ré majeur pour deux flûtes, deux hautbois, deux bassons FWV L:D22 ; en ré majeur pour trois trompettes, timbales, deux hautbois, basson, violon FWV L:D3 ; en si mineur pour flûte, hautbois, FWV L:h1 ; en sol majeur pour deux oboe da silva, deux altos, deux bassons FWV L:G11 ; en ré majeur pour deux flûtes FWV L:D9 ; en ut mineur pour basson, deux hautbois FWV L:c2 ; en ré majeur pour trompette, deux hautbois FWV L:D1. / Il Gardellino, Jan De Winne. 2007 - 2011.. Livret en anglais, français, allemand. Digipack 2 CDs 61’50’’ + 57’50’’. Accent ACC 24399
Réédition en digipack de deux albums de 2007 et 2011 consacrés à des concertos de Fasch, pour diverses combinaisons instrumentales. L’inspiration musicale du Kapellmeister de Zerbst ne resta pas cantonnée à cette Cour d’Anhalt, où il officiera de 1722 à sa mort, mais s’imprégna lors de ses années d’aguerrissement (Darmstadt, Bayreuth, Prague…) et s’enrichit par des échanges avec ses contemporains comme Johann Christoph Graupner, Johann Georg Pisendel, Johann David Heinichen, ou Georg Philipp Telemann. Ses œuvres purent résonner dans la cité voisine de Köthen, mais aussi à Hambourg, et singulièrement à la Cour de Dresde, dont elles adoptent le style luxuriant. Quitte à ce que les manuscrits fussent encore accommodés au goût local par les virtuoses au service d’Auguste le Fort (1670-1733) qui purent y briller : le hautbois de Johann Christian Richter, les flûtes de Franz Joseph Goetzel et Wenzel Gottfried Dowercker –deux élèves de Pierre-Gabriel Buffardin (1689-1768). Dans la mesure où le compositeur négligea de publier ses partitions, celles-ci subsistent dans les archives, principalement à Darmstadt et Dresde.
D’inspiration vivaldienne (on pense aux molti strumenti du Prêtre roux) quoique moins exubérant, ce genre d’opus ne doit pas forcément s’entendre comme un dialogue univoque avec l’orchestre mais multiplie les rapports de concertation, avec le ripieno ou à l’intérieur même du groupe de solistes. Dans les nomenclatures les plus larges, comme le ré majeur pour trois trompettes, timbales, deux hautbois, basson, violon, les bois interviennent dans les passages transitionnels ou enrichissent la texture collective, sous forme d’intermède ou réponse en écho. Certaines alliances s’avèrent très recherchées, comme les couleurs sombres du sol majeur pour deux « oboe da silva » (hautbois de chasse), deux altos et deux bassons.
Dans ces pages, et aussi dans les Ouvertures, commence à s’inventer l’orchestration classique qui triomphera bientôt dans les symphonies de Haydn et Mozart. Cette douzaine de concertos ne représente pas même un quart de ce que Fasch légua en la matière, mais par la variété des effectifs en jeu, la présente anthologie en offre un large aperçu. Les pupitres d’Il Gardellino comblent par la technique autant que le style : fine, fluide et subtilement pigmentée, l’interprétation domine toujours les enjeux. Pour l’ensemble de ses qualités, cette compilation s’inscrit en tête de la discographie.
Christophe Steyne
Son : 8,5 – Livret : 8,5 – Répertoire : 9 – Interprétation : 10