Est-il vraiment moderne ce compositeur Vitězslav Novák ?

par
Novak

Vitězslav NOVÁK
(1870-1949)
Pan op. 43, poème musical : 1. Prologue, 2. Montagnes, 3. La mer, 4. La forêt, 5. Femme
Dimitri TCHESNOKOV
(°1982)
Deux études op. 17, La neige I & II
Patrick Hemmerlé, piano
2017- DDD-66'34"-Textes de présentation en français et anglais - indéSENS INDE097

Cet enregistrement paraît sous le chapeau principal : Piano Modern Recital, Vol. 1. L'éditeur précise son intention sur le dos de couverture : La collection Piano Modern Recital© a pour but principal de défendre le répertoire de qualité d'esthétique moderne peu connu ou inconnu. Il ajoute dans le cas de ce CD : Le présent enregistrement a été conçu comme un hommage à la nature à travers deux œuvres : PAN de Vitězslav Novák, œuvre grandiose par sa durée, une véritable symphonie pour piano et LA NEIGE de Dimitri Tchesnokov frappante par sa simplicité d'écriture à la fois virtuose et poétique. Il ne s'agit pas ici de polémiquer sur la signification respective des qualificatifs modernes et contemporains dans le domaine de la musique dite sérieuse. Il n'y a guère de doute ici, les deux compositeurs, même séparés de plus d'un siècle, relèvent du postromantisme. Le long poème musical de cinquante-cinq minutes, Pan, de Novák, un élève de Dvořák, a été écrit en 1910 ; il est ainsi strictement contemporain des Préludes de Debussy. Des résonances similaires à celles de la Cathédrale engloutie du compositeur français apparaissent dans le Prologue et, plus incongrûment dans les Montagnes. La Mer du compositeur moldave est bien houleuse et fait appel à toutes les ressources pianistiques de l'interprète. Dans la Forêt, l'Oiseau prophète de Schumann pointe le bout de son bec mais est vite interrompu dans son exubérance harmonique pour laisser place à la fin du morceau au coucou qui vient affirmer une douzaine de fois sa tierce mineure. Quant à la dernière pièce, Femme, la plus longue du recueil avec ses dix-sept minutes, c'est un mouvement rhapsodique ponctué de fréquents changements d'atmosphères : Agitato, impetuoso - Andante soave - Quasi una Tarantella - Grandioso, con somma passione - Andante sostenuto con intimissimo - Allegretto grazioso - Tranquillo. Dans la brève notice, le pianiste français Patrick Hemmerlé évoque la structure pentatonique de l'oeuvre et sa difficulté à trouver le médium adéquat pour en rendre toute sa complexité, piano, orchestre... La version orchestrale que Novák en a donnée deux ans plus tard fut un échec. Hemmerlé défend bien cette oeuvre difficile : un jeu clair, des plans sonores bien définis, un toucher expressif aux couleurs délicates. La partition, parfois ingrate, méritait bien cette interprétation. Les deux dernières plages de Tchesnokov sont plus anecdotiques ; dues à un de nos contemporains - Tchesnokov n'a que trente-six ans - ces deux études mélangent un diatonisme parsemé de quelques grappes d'accords et des structures répétitives proches du minimalisme. Je ne peux qu'adhérer aux propos de Patrick Hemmerlé lorsqu'il écrit en clôture de sa notice : De l'œuvre se dégage ainsi un sentiment de tristesse et de monotonie, qui est bien celui que l'on éprouve à contempler une étendue enneigée. Un enregistrement qu'il convient donc de réserver à ceux qui souhaitent mieux connaître l'apport de Vitězslav Novák à la musique postromantique.
Jean-Marie André

Son 9 – Livret 7–  Répertoire 7 – Interprétation 9

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