Etat actuel des compositrices pour plus d'égalité

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Collectif (direction éditoriale : Laure Marcel-Berlioz, Omer Corlaix, Bastien Gallet), Compositrices : L’égalité en acte, nouvelle édition, Paris, CDMC éditions MF, 2019, 622 pages.

Compositrices : L’égalité en acte, édité en février 2019 à 1200 exemplaires, a remporté un tel succès qu’il était épuisé en quelques mois. En octobre dernier, il a été réédité en version de poche, le rendant plus accessible et permettant ainsi une plus large diffusion.

L’ouvrage est composé de deux parties : la première est consacrée à des essais sur diverses situations qui entourent les compositrices en France et la seconde, la présentation de 53 compositrices.

Des philosophes, des historiens et des musicologues se penchent, avec différentes approches, sur la question de l’inégalité entre hommes et femmes chez les compositeurs. Actuellement, les compositrices ne représentent que 10 % de la profession et seulement 1 % des programmations musicales (chiffre SACD 2016). Sous le thème générique de « penser l’égalité », les auteurs évoquent des sujets représentatifs : « L’occultation des compositrices dans l’histoire » par Florence Launey ; « Programmer l’égalité » par David Verdier ; « Les compositrices dans les commandes d’Etats depuis vingt ans » par Sylvie Sierra Markiewicz ; « L’électroacoustique au féminin » par Michèle Tosi, pour n’en citer que quelques-uns. Chacun de ces quatorze textes, d’une dizaine à une vingtaine de pages, met ainsi en relief des problèmes liés à une société longtemps dominée par les hommes (pour cette question il est fort intéressant de lire en parallèle La domination masculine de Pierre Bourdieu édité en 1998 au Seuil).

Prenons quelques exemples. Dans son « Histoire du mot compositrice », David Christoffel retrace le refus et l’acceptation de ce mot, en citant de multiples références, essentiellement du XIXe siècle, pour démontrer que la forme féminine du terme « compositeur » n’était pas admise. Les citations qu’il présente expriment souvent un mépris sexiste. Afin de révéler l’état inégalitaire femmes/hommes dans la programmation, David Verdier énonce de manière neutre certains chiffres révélateurs : « En 2016, les femmes représentent 52 % des étudiants de conservatoires inscrits dans les filières spectacles vivants. A l’arrivée, elles ne constituent que 1 % des compositeurs, 4 % des chefs d’orchestre, 5 % des liberttistes, 21 % des auteurs, 23 % des solistes instrumentaux et 27 % des metteurs en scène ». Il rapporte également que la musique actuelle (notamment dans les pays anglo-saxons) et la musique dite contemporaine sont les deux domaines qui offrent le plus de liberté aux femmes. Le texte de Michèle Tosi, qui présente les cas concrets de Christine Groult, de Lucie Prod’homme et de quelques autres, va dans le même sens.

Dans la deuxième partie, biographique, 5 pages sont consacrées à la présentation de chacune des 53 compositrices en exercice en France en ce début du XXIe siècle. De Betsy Jolas (née en 1926) à Camille Pépin (née en 1990), elles sont de 20 nationalités différentes, avec 44 % de compositrices étrangères dont 26 % ont moins de 40 ans. Bien entendu, elles ne sont pas les seules présentes sur les scènes musicales d’aujourd’hui -nous espérons vivement que la liste s’allonge !- mais déjà, ce panorama permet de mesurer la diversité de styles et d’approches, diversité qui n’est d’ailleurs pas tributaire de l’appartenance à un sexe ou à un autre.

Si ce genre de livre contribue à modifier la perception et la situation des compositrices et, de manière plus large, de toutes les musiciennes et les femmes exerçant un métier dans la musique « classique » et le spectacle vivant, la publication régulière d’une nouvelle édition sera plus que bienvenue.

Collectif (direction éditoriale : Laure Marcel-Berlioz, Omer Corlaix, Bastien Gallet), Compositrices : L’égalité en acte, nouvelle édition, Paris, CDMC éditions MF, 2019, 622 pages.

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