Fiançailles pour rire

par

Mélodies de Fauré, Chabrier, Poulenc, Chausson et Duparc
Natalie DESSAY (soprano), Philippe CASSARD (piano), Laurent NAOURI (baryton), Quatuor Ebène.
2015-62'13''-Texte de présentation et poèmes en français, anglais et allemand-chanté en français-

Une colorature pour des mélodies ? Pourquoi pas. D'ailleurs, la belle Natalie n'en est pas à son coup d'essai : elle avait déjà publié un beau récital de mélodies de Debussy en 2012. Toujours avec Philippe Cassard, la voici embarquée dans un florilège de musique française, sérieux ou plus détendu. L'on se rend tout de suite compte de cette diversité par le clin d'oeil graphique de la couverture : sous le titre de "Fiançailles pour rire" d'après le cycle de Poulenc, la soprano et le pianiste posent d'un air on ne peut plus grave. Les photos qui suivent les voient se dérider, un peu, même celle où apparaît l'époux de Natalie, le baryton Laurent Naouri (lequel n'intervient que dans une seule mélodie, Colloque, de Poulenc).  Fiançailles pour rire a été composé en 1939 sur des poèmes de Louise de Vilmorin, auteure fantasque que Poulenc admirait beaucoup. Dessay ressent bien cette alternance d'émotion (Dans l'herbe) et de distance amusée que l'on retrouve dans les Trois poèmes de 1937, au parfum subtilement érotique et aux harmonies recherchées (Aux officiers de la garde blanche). Hormis une page de Chabrier sur texte de Catulle Mendès, Chanson pour Jeanne, pas trop heureuse mais joliment déclamée, le surplus du récital est classique. Six mélodies de Fauré tout d'abord, parmi les plus célèbres. Comment ne pas tomber sous le charme d'Après un rêve, En sourdine, Mandoline, Clair de lune, Prison ou Spleen ? Avec quel naturel, quelle évidence, détaille-t-elle ces merveilles de la mélodie française, joyeux littéraires et musicaux ! Il faut souligner ici le grand art de Philippe Cassard : l'entente entre les deux solistes est parfaite et on ne sait lequel admirer le plus. Délicatement soutenus par le quatuor Ebène, ils épousent tous les frémissements de la Chanson perpétuelle de Chausson. Si le célèbre Colibri de celui-ci chante avec toute la délicatesse voulue, il faut peut-être avouer que Le Temps des Lilas, dernière mélodie du Poème de l'Amour et de la Mer, réussit moins, certains aigus étant un peu tendus. Volià bien le seul bémol - et encore, il est léger - de ce splendide CD qui se termine par trois des plus fameux Duparc, en particulier Soupir et Extase : Natalie Dessay est ici au zénith de son génie de mélodiste.
Bruno Peeters

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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