Francis Poulenc au clavier

Francis Poulenc (1899-1963) : Concerto pour piano et orchestre, FP 146 – Trio pour piano, hautbois et basson, FP 43 – Concert champêtre, FP 49 – Sonate pour hautbois et piano, FP 185. Mark Bebbington, piano – John Roberts, hautbois – Jonathan Davies, bassoon – Royal Philharmonic Orchestra, Jan Latham-Koenig, direction. 2020-DDD-72’32-Textes de présentation en anglais-Resonus-RES10256

Poulenc et sa musique voluptueuse aux harmonies intrigantes, tout un programme emmené avec brio par le pianiste Mark Bebbington. On se souviendra de la version historique du Concerto pour piano de Gabriel Tacchino et Georges Prêtre avec son charme naturel et son authenticité. Bebbington en donne une lecture tirée au cordeau en absorbant le matériau pour en extraire une palette de couleurs saisissante. Le premier mouvement se distille dans la longueur, dans l’opposition des atmosphères tantôt doucereuses, tantôt trépidantes, le second dans la tendresse (à plusieurs reprises tourmentée, rappelant d’ailleurs le Concerto pour orgue) et le troisième toujours avec cette extraordinaire beauté alliée subtilement à des touches d’humour. Jan Latham-Koenig guide le Royal Philharmonic Orchestra avec une énergie jamais essoufflée et développe une alliance de timbres où chaque intervention se veut complice des autres (particulièrement pour la petite harmonie). 

Écrit en 1926 et dédié à Manuel de Falla, le Trio pour hautbois, basson et piano est une pièce en trois mouvements d’une grande fraicheur. Le trio composé de John Roberts, Jonathan Davies et Mark Bebbington témoigne ici d’un vaste travail sur les dynamiques et l’homogénéité. Chaque instrument trouve sa place et se fond délicatement dans le jeu des autres (particulièrement dans le second mouvement, lyrique et élégant). 

Dans la Sonate pour hautbois et piano, les deux artistes cultivent à nouveau ce travail d’ambiances contrastées, un ensemble accompli d’une grande expression. S’apprécient avec enthousiasme les trois tableaux successifs avec un dernier particulièrement méditatif. Quant au Concert champêtre, composé en 1927 et 1928, il est le résultat de nombreuses rencontres avec la pianiste Wanda Landowska à qui l’on doit notamment la création d’El Retablo de Maese Pedro de Manuel de Falla (partie de clavecin). A nouveau, c’est le charme qui opère, instrumentalement construit avec finesse et conduit avec beaucoup d’intelligence mais aussi de spontanéité. Une musique qui vit au gré des effets sonores plus invraisemblables les uns que les autres. 

Du très beau Poulenc, le charme à la française par une brochette d’artistes de talent.

Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10