François-Xavier Roth et Sabine Devieilhe au sommet de leur art nous offrent une 4ème Symphonie de Mahler d’anthologie 

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Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°4 en Sol Majeur. Sabine Devieilhe, soprano ; Les Siècles, François-Xavier Roth. 2022. Livret en français, allemand et anglais. 54'47. Harmonia Mundi. HMM 905357.

Quel élan, quelle clarté ! Comment ne pas laisser éclater notre exaltation après l’écoute de la 4ème Symphonie de Gustav Mahler sous la baguette de François-Xavier Roth ? L’enthousiasme l’emporte sur tous les autres sentiments et c’est amplement mérité.

Pas de suspense. Cette excellente lecture que nous offre le chef poitevin et ses troupes des Siècles est peut-être avec l'enregistrement Ravel/Wilson (Chandos) l’autre événement discographique cette année 2022.

Nous sommes touchés par la beauté diaphane et la petite pointe de mystère qui se dégagent tout au long des quatre mouvements. Il y a reflets constants de préraphaélisme dans le Mahler dessiné par Roth. Une quête d’idéal et de perfection tout en gardant une liberté vis à vis du classicisme. C’est tout simplement remarquable, beau, céleste. Roth est à la direction d’orchestre l’égal des Millais, Hunt ou Rossetti à la peinture.

Les très bons tempi, la pureté des violons et l’intensité lyrique sont également mis en lumière par une prise de son époustouflante. Nous sommes aux premières loges. On en a plein les oreilles ! On s’amuse à faire un travail d’analyse sonore, on s’arrête sur tel ou tel détail, encore mieux qu’un escape game pour mélomane !

Les trois premiers mouvements sont une véritable démonstration de maîtrise et d’équilibre. Une porcelaine qui n’a rien à envier à Augarten ou Meissen tant elle est délicate, fine et précise.

Après vient la foudre dans le "Sehr behaglich" avec Sabine Devieilhe. Le dictionnaire définit la foudre comme : « phénomène naturel de décharge électrostatique disruptive de grande intensité qui se produit dans l'atmosphère ». Tout est dit ici sur le choc de la première écoute de cet incroyable quatrième mouvement. Nous connaissons tous le grand talent de la soprano mais il se passe clairement quelque chose qui dépasse le simple talent. Cette alchimie et ces émotions ne s’expliquent pas toujours et tant mieux. C’est la part de ressenti, de sensibilité que chaque auditeur aura ou pas à l’écoute de cet opus. Espérons qu’ils seront nombreux à vivre la même expérience musicale. Plus concrètement Devieilhe a pour elle une joie et une candeur dans la voix qui sied parfaitement à l’esprit de la partition. Le tout avec un vibrato moins marqué pour l’occasion.

Au sein du Valhalla de nos enregistrements mahleriens favoris celui-ci vient détrôner la mythique version de Jascha Horenstein avec Margaret Price. Nous ne pensions cela possible un jour, François-Xavier l’a fait ! Chapeau l’artiste !

Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10

Bertrand Balmitgère

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