Gautier Capuçon à l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg

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La salle Érasme du Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg était complète pour l’ouverture de saison de l’orchestre alsacien. Sous la direction de leur chef Aziz Shokhakimov, fraîchement prolongé jusqu’en 2028, et en compagnie de Gautier Capuçon, les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg se sont confrontés à deux mastodontes du répertoire symphonique.

Nous avons tout d’abord pu entendre le dernier concerto d’Antonín Dvořák, pour violoncelle et orchestre en si mineur. Créée en 1896, c’est sans aucun doute l’une des œuvres les plus connues du maître tchèque et son premier thème, exposé par la clarinette et repris de nombreuses fois par l’orchestre et le soliste, est l’un des plus reconnaissable du répertoire. « Connexion » fut le maître-mot de l’interprétation du soir, tant entre le chef et ses musiciens, qu’entre ceux-ci et le soliste. Gautier Capuçon, très à l’écoute de l’orchestre, multipliait les regards vers les différents solistes dialoguant avec lui, notamment avec la Konzertmeister dans le troisième mouvement. Ce partage a ajouté une dimension très intimiste à la représentation.

Mis à part quelques rares soucis de précision et de justesse notamment dans les fins des mouvements un et deux, il faut saluer la prestation de l’orchestre. D’une puissance à couper le souffle, sans pour autant atteindre la saturation, les musiciens nous ont livrés une magnifique prestation. La balance entre orchestre et soliste a parfaitement été maîtrisée par Aziz Shokhakimov, nous permettant de profiter à tout instant du jeu passionné et passionnant de Gautier Capuçon, et ce même dans les formules d’accompagnement les plus pianissimos. D’un enthousiasme débordant, le chef ouzbek s’est parfois légèrement laissé emporté, notamment dans le trio d’introduction du second mouvement aux bois, qui aurait mérité d’être plus calme. Cet enthousiasme fut par contre tout à fait à propos lorsque, après une coda magique et suspendue dans le temps, il a fallut se déchaîner dans un final magistral, prélude opportun à la seconde œuvre de la soirée.

Avant la pause, nous avons eu la chance d’entendre Gautier Capuçon interpréter le Chant des Oiseaux, une mélodie catalane souvent jouée par Pablo Casals en honneur de la paix dans le monde. Tout en introspection, parsemé de silences tendus et lourds de sens, ce fut un moment tout en simplicité démontrant le talent sensationnel du violoncelliste français.

En deuxième partie, nous avons pu entendre la Symphonie Alpestre Op. 64 de Richard Strauss. L’œuvre fit l’objet d’une présentation très intéressante en amont du concert. Réalisée par Mathieu Schneider, celle-ci portait sur le lien possible entre l’œuvre de Strauss et L’Antéchrist de Friedrich Nietzsche. La prestation des musiciens quant à elle fut ébouriffante. Très appliqués, ils nous livrés de magnifiques moments, nous emportant au fin fond des Alpes dans un voyage musical et philosophique dont on revient changé. Pour les plus belles parties de cette interprétation, nous pouvons citer Sur l’alpage, Au sommet ou encore Orage et tempête. L’endurance des cordes, dont le son d’ensemble est à féliciter, fut impressionnante et il convient également de noter le travail solistique remarquable du pupitre des vents. Pour la première d’Aziz Shokhakimov avec cette œuvre mythqiue, ce fut une belle réussite.

Strasbourg, Palais de la Musique et des Congrès, 11 septembre 2025.

Alex Quitin

Crédits photographiques :  Mischa Blank

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