Un Requiem allemand à Strasbourg
L’orchestre philharmonique de Strasbourg sous la direction de Aziz Shokhakimov, le chœur de l’Orchestre de Paris, le baryton français Ludovic Tézier,et la soprano sud-africaine Pretty Yende sont en tournée pour offrir un Requiem allemand (ein deutsches Requiem) de Brahms.
Œuvre autant intime grâce à son utilisation des voix – Brahms composa nombre de lieder, et de chœurs ainsi qu’une magnifique Rhapsodie pour alto, tant par goût que pour vivre – et massive avec l’ajout de l’orchestre, ce requiem permit au compositeur de grandir hors de son angoisse de ne pas être capable, de rédiger une symphonie, surtout après la mort de Beethoven. Œuvre tenant à la fois de la neuvième symphonie que du Missa solemnis de Beethoven, Brahms reprend également ici aussi l’humanisme de compositeur de Bohn. Un sentiment de sobriété, de Nuchternheit pour le dire en Allemand, ébranlée par la mort, une confiance en soi fragilisée par la certitude de sa fin émane de cette œuvre extime, et lui confère son humanité.
Il faut saluer ici le chœur qui montre une droiture, une intimité et une harmonie remarquables pour des amateurs. Il en ferait presque oublier son poids sur l’orchestre. Il ne démérite en effet pas non plus, lui qui grandit à partir des violoncelles et contrebasses, et qui reprend de façon si belle le motif d’élan brisé parcourant l’œuvre.
Les solistes ne sont pas en reste non plus. Ludovic Tézier, aussi élégant ici que dans un opéra, fait voyager à travers les palettes des sentiments, jusqu’à frôler la frontière entre la colère et la révolte. Pretty Yende chante comme l’ange de la consolation, promettant par la grâce de son chant un ailleurs, un mieux, une lumière au-delà de l’angoisse.
Un très beau concert. Dommage que les musiciens s’arrêtent si souvent entre les parties de l’œuvre.
Strasbourg, Palais de la musique et des congrès, 4 juin 2025
Andreas Rey
Crédits photogrpahiques : Orchestre philharmonique de Strasbourg