Haydn et Gluck au sommet

par

JOKERJoseph Haydn (1732-1809) : Symphonie n°39 en sol mineur, Hob. I :39 – Symphonie n°49 en fa mineur, Hob. I :49 « La Passione » - Symphonie n°1 en ré majeur, Hob. I :1
Christoph Willibald Gluck (1714-1787) : Don Juan ou le festin de pierre
Il Giardino Armonico, Giovanni Antonini, direction
2014-DDD-70’52-Textes de présentation en français et anglais-Alpha 670

On a la fâcheuse habitude d’oublier que Haydn a écrit pas moins de 104 symphonies. De fait, et dans un souci purement commercial, on se restreint à l’enregistrement des classiques du répertoire. Dans une démarche qualitative, le chef d’orchestre Giovanni Antonini se lance un pari : déchiffrer l’interprétation la plus adéquate d’un style et d’une époque qui ne nous sont pas familiers. Un grand nombre d’informations ne figuraient pas dans les manuscrits, à une époque où le langage de ces symphonies était déjà contemporain. Certes, diverses logiques et volontés font que l’interprétation d’une œuvre varie d’un chef à l’autre. Pourtant, il reste le manuscrit et ce qui s’y trouve : des notes, des intervalles, des structures, le tout dans une forme régie par des lois fondamentales parfois évitées où prolongées.  Et cet héritage devrait déjà être une base évidente d’une interprétation adéquate, une transition d’un ton majeur à mineur étant une révélation, qu’en est-il d’une succession d’un accord à l’état fondamental à un autre au premier renversement ? Ce constat, Antonini l’a saisi dans son sens le plus pur, comme l’auront déjà fait Harnoncourt ou Leonhardt. Chaque pièce de Haydn est un petit bijou, regorge de détails et d’infos qui semblent parfois insignifiants et qui sont pourtant d’une importance capitale, comme la Première symphonie : une musique raffinée, dosée, subtile qui révèle déjà ce que sera le style haydnien. A côté de la vitalité d’une œuvre de jeunesse se retrouvent deux symphonies plus matures et plus longues. On s’est éloigné de la traditionnelle Sinfonia pour des œuvres de grande architecture, le début d’une forme autonome. Et Gluck en contrepoint, rien de plus logique si l’on considère le Don Juan comme le premier ballet moderne. Haydn et Gluck sont finalement si proches dans leur langage : surprenant, captivant et libre d’esprit.
Ecouter ce cd, c’est découvrir la richesse d’un répertoire négligé, mal compris et souvent mal interprété. Accompagné par l’impressionnant Il Giardino Armonico, dont la brochure précise la facture de chaque instrument, Giovanni Antonini captive l’auditeur et l’instruit tant son interprétation nous semble adéquate et logique. D’une dynamique à un mode de jeu, chaque cellule est analysée et comprise. Cette interprétation, loin des romantiques habituels, pourra certainement étonner et surprendre. Le rapport entre les mouvements, entre les parties est réfléchi est mené jusqu’à son point culminant. Sans oublier la fraîcheur et la vitalité du ballet de Gluck, un belle comparaison. Non, ce cd était attendu et est à la hauteur de nos attentes.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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