Herbert Blomstedt « Maître des horloges » dans les deux dernières symphonies de Schubert.

par

Franz Schubert (1797-1828) :  Symphonies n°8 "Inachevée" en si mineur, D. 759 et n°9 en ut majeur, D.944. Gewandhausorchester Leipzig, Herbert Blomstedt. 2021. Livret en allemand, anglais et français. DGG. 486 3045  


Herbert Blomstedt est une sorte de Benjamin Button de la direction d’orchestre. Plus il avance en âge et plus il semble atteindre son « prime » pour reprendre un anglicisme à la mode. A 95 ans (depuis le 11 juillet) le suédois tel Midas transforme en or tout ce qu’il touche. Cela nous rappelle le regretté Claudio Abbado à la fin de sa vie. Chaque sortie du vénérable chef est un événement et l’assurance d’avoir le dernier enregistrement qui fait sensation et bouleverse une bonne partie de la critique.

Une récente chute de ce dernier nous rappelle plus que jamais le caractère éphémère de nos existences mêmes pour les talentueux d’entre nous, alors tâchons de profiter pleinement de cet été indien dans la carrière de ce globe-trotter ! Pour ses débuts sur Deutsche Grammophon celui-ci s’attaque aux Huitième Et Neuvième Symphonies de Schubert. Deux œuvres que l’on présente plus… 

Cet enregistrement est issu d’un concert capté sur le vif en novembre 2021 à Leipzig. Blomstedt était alors à la tête du Gewandhaus dont il assura la direction entre 1998 et 2005. Une terra cognita et un orchestre qui figure parmi les meilleurs au monde. 

C’est un Schubert raisonné, mature et humain qui s’offre à nous. Pas d’effusions de sentiments inutiles, à la place de la précision, une direction nette et toujours vive malgré le poids des années. Il se dégage une sérénité presque rassurante de la Neuvième Symphonie. On se laisse tranquillement, mais sûrement emporter. 

La Huitième Symphonie est sans urgence ce qui ne lui retire rien du drame et du romantisme dans lesquels elle s’inscrit. Le geste de Blomstedt est simplement juste et assuré pour un voyage en liberté. Nous pensons immédiatement à cette citation de Sylvain Tesson « L’homme libre possède le temps. ». Et si c’est cela le secret du vieux maître Jedi ? La liberté ! La puissance qu’elle offre. Celle offerte par la maîtrise du temps. Cela promet d’autres enregistrements d’anthologie à venir.

Nous ne placerons pas ce couplage avec Leipzig aussi haut que Wand/Berlin (RCA) mais c’est assurément un premier choix au sein de la discographie du 21ème siècle avec la Neuvième d’Abbado à la tête de l’Orchestre Mozart (DGG). 

Son : 10    Notice : 10   Répertoire : 10    Interprétation : 10

Bertrand Balmitgère

 

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