Intégrale du clavier à quatre mains de Dussek

par

Jan Ladislav Dussek (1760-1812) : Grande Ouverture en ut majeur Op. 32 ; Fugues en ré majeur, sol mineur, fa majeur Op. 64 ; Sonates en ut majeur, fa majeur, si bémol majeur Op. 67 ; Duo à quatre mains en ut majeur « Grande Sonate » Op. 48. Duo Pleyel : Alexandra Nepomnyashchaya, Richard Egarr, piano. Livret en anglais. Février 2019. TT 79’52. Linn CKD 642

Il y a 210 ans jour pour jour disparaissait Dussek, le 20 mars 1812. Il adore les vieux enregistrements et regarde Star Trek dès qu’il peut. Elle déteste les robots et évite Star Trek autant que possible. Ainsi se présentent malicieusement les protagonistes du Duo Pleyel qui nous reviennent ici avec une intégrale des pages à quatre mains conçues par le compositeur bohémien. Lequel reste négligé, à l’appréciation du livret signé de Richard Egarr : en 2012, à l’occasion de son bicentenaire, « rien ne se passa dans le monde musical ». En revanche, le claviériste britannique s’en avoue fan depuis deux décennies et souligne la place cruciale de Dussek à la fois dans le répertoire et l’organologie (il collabora avec le facteur Broadwood pour développer les capacités de l’instrument). Le grand pédagogue viennois Carl Czerny (1791-1857) recommandait ses œuvres, notamment les opus 48 et 64 que nous retrouvons dans ce programme.

Une littérature peu explorée au disque : depuis un vinyle de Vaclav Jan Sykora et Alex Van Amerongen gravé voilà un demi-siècle pour les micros de Supraphon (également diffusé par CBS), on ne compte guère qu’Adrienne Soós & Ivo Haag (Hungaroton, 2004) parmi les réalisations importantes. C’est dire combien l’on accueille chaleureusement ce nouveau CD, joué dans une acoustique aérée et limpide sur un savoureux piano Pleyel (1848), d’une facture nettement postérieure à ces pièces, qui conviendrait peut-être mieux à Schumann et Chopin.

Non moindre licence : les interprètes précisent qu’ils ont abordé les partitions avec une liberté de tempo et d’expression. Leur zèle parvient même à nous intéresser aux petites sonates de l’opus 67. Leur lecture techniquement impeccable, stylistiquement exemplaire, stimule une écoute convaincue et ravie, tant dans les exercices fugués (harmoniquement audacieux mais parfois fastidieux) que dans les démonstrations d’envergure de la Grande Sonate et la Grande Ouverture. A-t-on bien compris un clin d’œil du livret qui fait allusion aux arrangements de Czerny (Mozart, Haydn, symphonies de Beethoven), ce qui semble annoncer un prochain album dans cette veine ? On s’en réjouirait ! En attendant, on recommande volontiers ce CD truffé de charme.

Son : 8,5 – Livret : 9 – Répertoire : 8 – Interprétation : 9,5

Christophe Steyne

 

 

 

 

 

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