Johannes de Lymburgia réhabilité

par

Johannes de Lymburgia  (c.1380 - c.1440) : Gaude felix Padua – Le miroir de musique – Direction : Baptiste Romain -  2018 – Livret en anglais, français et allemand – RICERCAR – RIC 402 – Total time : 01:05:39

Alors que le gouvernement flamand programme des coupes brutales dans son budget culture, voici que le label belge francophone Ricercar apporte son support à la réalisation de ce CD qui réhabilite un compositeur limbourgeois tombé dans un total oubli.

Ce Johannes De Limburgia est mentionné comme chantre à Padoue en 1424, à Vicenza vers 1431. Sa présence est également attestée à Liège dans les registres de l’église St-Jean l’Evangéliste. S’inscrivant dans le développement du motet très présent dans la première moitié du 15e siècle, le Limbourgeois nous livre 13 motets louant la Vierge Marie ou les saints.

La première pièce, Tota pulcra es, révèle les qualités du compositeur qui voit s’interrompre le discours mélismatique par un Veni hors du temps. Son Magnificat à quatre voix est un bel exemple de recherche sonore ; il fait alterner les mélodies grégoriennes très libres et les passages polyphoniques plus structurés, rythmiquement non dépourvus d’audacieuses dissonances.

Le Salve Virgo regia qui narre l’histoire de Noël et conclut cet enregistrement contraste avec ce qui précède par son discours homophonique et quasi syllabique. Motets, hymnes, antiennes et mouvements de messe proviennent du manuscrit Q15 de Bologne réalisé par un éditeur-compilateur anonyme. 

Recherche de sonorités, harmonies non exemptes de dissonances, belle texturedu  contrepoint, alternance de tempi différents, de monodies et de passages polyphoniques, telles sont les grandes caractéristiques du style de Johannes De Lymburgia.On retrouve notamment les intervalles de sixtes et tierces parallèles fréquents dans la musique anglaise du début du 15e siècle. Les  solistes du quatuor vocal Le Miroir de Musique, dont les qualités vocales sont indéniables, maîtrisent parfaitement l’interprétation de ces musiques médiévales.  Une mention spéciale pour la soprano Jessica Jans. Ils sont accompagnés d’un luth, d’une harpe, d’une vièle, d’un rebec et d’un positif . Il est bien regrettable qu’un tel compositeur soit tombé dans l’oubli ; cet enregistrement contribue très justement à sa réhabilitation et sa redécouverte.

Son : 9    Livret : 9    Répertoire : 9   Interprétation : 9

Jean-Pierre Saussus

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.