La Monnaie : Saison 2018-2019

par
la monnaie

Comme chaque année, Peter de Caluwe, directeur général - intendant du Théâtre Royal de La Monnaie, a tenu sa conférence de presse au grand foyer. Avec émotion et enthousiasme, il a rappelé qu'il en était à sa douzième saison. Celle-ci sera placée sous le signe de la synthèse. Toujours amateur de philosophie, de Caluwe a cité le Beau, le Bon, et le Vrai (Platon), et le roman Le Jeu des perles de verre d'Hermann Hesse, pour relier les productions à venir, l'une avec l'autre. Dans cette même idée, les interprètes qui défileront à Bruxelles cette année seront presque tous des fidèles de La Monnaie.Tout commence avec une Flûte enchantée le 18 septembre, mise en scène par Roméo Castellucci. Deux reines de la nuit titilleront les fans, Sabine Devieilhe et Jodie Devos. Mais Sophie Karthäuser, Ilse Eerens, Reinoud Van Mechelen ou Dietrich Hensel aussi. Le premier acte devrait être très baroque et le second très moderne : voilà qui promet. Suit le sombre chef-d'oeuvre de Janacek, De la Maison des morts. Que va en faire l'iconoclaste Warlikowski ? On suivra sir Willard White en Gorjancikov et Nicky Spence en Nikita. Pour les fêtes de fin d'année, l'opéra-bouffe Don Pasquale de Donizetti, dirigé par le chef-maison, Alain Altinoglu, avec Michele Pertusi, Lionel Lhote ou Danielle De Niese (et Anne-Catherine Gillet). Mise en scène de Laurent Pelly. Opéra italien encore, mais création cette fois, Re Orso de Marco Stroppa, d'après un livret de Boito,  en coproduction avec la salle Favart où il fut déjà monté. Italien toujours, l'opéra La Gioconda, de Ponchielli, n'avait plus été donné ici depuis... 1939. Coup de coeur de Peter de Caluwe, il réunira Martina Serafin et Béatrice Uria-Monzon en Gioconda, sous la supervision d'Olivier Py (et de Pierre-André Weitz, bien sûr), qui devraient revenir à son inspirateur, Victor Hugo, et sa pièce Angelo, tyran de Padoue. Remis plusieurs fois, voici enfin ce Frankenstein, commandé à Mark Grey, un proche de John Adams, d'après le roman immortel de Mary Shelley, sous la direction du chef Bassem Akiki et du dramaturge Alex Ollé,  de la Fura dels Baus. Le docteur sera Scott Hendricks et le monstre, Topi Lehtipuu. Evénement attendu ensuite : pour ses débuts à l'opéra, Barbara Hannigan dirige The Rake's Progress de Stravinsky, à la tête de son Ludwig Orchestra,et de solistes choisis. L'opéra sera "semi-staged". Par contre, en version concert sera donné Robert le Diable : voilà qui démontre un "Meyerbeer revival" selon les propres mots de Peter de Caluwe. Dirigée par Evelino Pido, la distribution est très soignée : Korchak, Courjal, Dran, Bolleire pour les messieurs, et Oropesa et Ayanet pour les dames. Une grande (et longue !) soirée en perspective. Après avoir été un peu négligé, Wagner revient en force. Lohengrin nous attend en ce mois d'avril 2018, et Tristan und Isolde en mai 2019. Alain Altinoglu dirige Christopher Ventris, Franz-Jozef Selig, et Petra Lang entre autres. Il faudra faire attention aux décors (Alexander Polzin), semble-t-il. Changement complet : la saison se termine en feu d'artifice russe avec un opéra moins connu de Rimsky-Korsakov, mais éblouissant de verve et d'action : Le Conte du Tsar Saltan. Altinoglu, toujours dans la fosse, et Dmitri Tcherniakov à la mise en scène : voiklà qui devrait faire des étincelles ! Quant aux concerts, ils se concentrent autour d'un projet particulier. Alain Altinoglu dirigera toutes les symphonies de Beethoven, chaque fois accompagnées d'un concerto commandé, qui doit s'inspirer de la symphonie jouée le même soir. Les compositeurs sollicités sont Richard Dubugnon, Mauricio Sotelo, Wim Henderickx, ou... Bernard Foccroulle. La saison symphonique terminera par "Der Ring ohne Worte" un digest purement orchestral de L'Anneau des Nibelungen. Enfin, signalons des récitals qui promettent : Mark Padmore, Anna Caterina Antonacci, Véronique Gens, Anne-Sofie von Otter, Magdalena Kozena, Michèle Losier...
La Monnaie fêtera aussi les 25 ans de la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker avec, entre autres... les six concertos brandebourgeois de Bach, mais aussi de multiples reprises de ses spectacles. Deux pépites pour finir. Une nouvelle version de L'Homme de la Mancha de Mitch Leigh, créé à La Monnaie par Jacques Brel en 1968. Et enfin Push, un opéra de Howard Moody, d'après la poignante aventure de Simon Gronowski. Cet homme de 85 ans, présent à la conférence de presse,  a raconté : en route pour Auschwitz en 1943, il échappe au camp, sa mère l'ayant poussé hors du train de la mort. Un grand moment.
Bruno Peeters
Bruxelles, Théâtre Royal de La Monnaire, le 15 mars 2018

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.