La musique symphonique d’Italo Montemezzi : inédite mais pas indispensable
Italo Montemezzi (1875-1952) : Symphonie en mi mineur ; Sérénade « A ti hermosa » ; Italia mia ! Nulla fermerà il tuo canto, poème symphonique. 2002/03. Orchestre Philharmonique de Vérone, direction Enzo Ferraris. Notice en anglais. 52.12. Opera Discovery 1CC24261-07.
La postérité n’aura retenu d’Italo Montemezzi, né et mort à VIgasio, près de Vérone, que le seul opéra L’amore dei tre re, son troisième, créé avec succès le 10 avril 1913 à la Scala de Milan, avant de connaître une intéressante carrière, notamment au Metropolitan de New York. Quelques gravures, dont celle réalisée pour RCA en 1976, avec une affiche prestigieuse : Anna Moffo et Placido Domingo, sous la direction de Nello Santi à la tête du London Symphony Orchestra, témoignent de la qualité de l’œuvre. Mais les autres opéras de Montemezzi n’ont pas connu pareille destinée et sont demeurés dans l’ombre, y compris ses quelques pages pour orchestre. Le présent album vient illustrer un pan méconnu de la musique italienne du XXe siècle.
Formé au Conservatoire de Milan, Montemezzi y obtient son diplôme en 1900 ; à cette occasion, Arturo Toscanini dirige son Cantique des Cantiques pour chœur et orchestre. Après deux essais lyriques assez bien accueillis et un passage par l’enseignement, L’amore dei tre re lui assure donc une notoriété. Il se consacre alors à la seule composition. Mais son écriture, inscrite dans la tradition du vérisme finissant et influencée par Wagner et, à un degré moindre, par Debussy et Richard Strauss, ne convainc pas. Il est taxé de traditionalisme. Pourtant, les Etats-Unis, où il se rend en 1939, lui font si bon accueil qu’il décide de se fixer en Californie. Il y demeurera dix ans, avant de rentrer en Vénétie, dans sa cité natale, où il décédera.
Le présent album propose des enregistrements captés à Vérone en 2002 et 2003 lors de concerts publics, sans doute pour célébrer le cinquantenaire de la naissance du compositeur, en collaboration avec sa commune d’origine. L’Orchestre Philharmonique de Vérone, auquel son nom est d’ailleurs uni, entame l’hommage par sa Symphonie en mi mineur. La très lacunaire notice nous apprend qu’il s’agit d’une partition de jeunesse, qui n’a jamais été publiée, mais a peut-être été jouée dans le contexte d’un cercle amical. L’œuvre a été découverte par hasard en l’an 2000 et reconstituée par les chefs d’orchestre Enzo Ferraris et Marco Pasetto. Le présent enregistrement est sans doute celui de la première exécution publique, en juin 2002.
L’audition de cette symphonie en trois mouvements confirme la tendance traditionaliste de Montemezzi, y compris dans l’orchestration, et la tendance à une certaine affectation déclamatoire dans l’Allegro initial, qui bénéficie cependant d’un bel élan. L’Adagio, au lyrisme émotionnel qui ouvre des horizons généreux mais quelque peu convenus, et le Scherzo final, au caractère dansant et dynamique, complètent la reconstruction de cette partition qui s’écoute sans déplaisir, mais sans transporter l’auditeur.
La Serenata dédiée « À toi ma belle » est une courte page légère et fluide, composée en 1943 pendant le séjour aux Etats-Unis. Elle pourrait avoir été destinée à une musique de film. Plus intéressant est le poème symphonique Italia mia !, écrit l’année suivante ; c’est un hommage au pays natal, dans un contexte de nostalgie et de souvenirs d’airs populaires. Il s’achève dans un joyeux déploiement de cloches.
L’Orchestre symphonique de Vérone, placé sous la direction d’Enzo Ferraris, apporte à cette réhabilitation d’Italo Montemezzi du cœur et de la bonne volonté. Mais il est desservi par une prise de son peu avantageuse. Ce handicap, auquel vient s’ajouter une notice lacunaire, fait de cet album un document qui sera réservé aux inconditionnels du compositeur ou aux amateurs de raretés.
Son : 5 Notice : 3 Répertoire : 6,5 Interprétation : 7
Jean Lacroix