La voix d’Edison Denisov

par

Edison DENISOV (1929-1996) :  Édition d’anniversaire : Peinture pour orchestre–Concerto pour flûte–Symphonie n° 1 (suivie, en guise de bonus, d’un fragment d’une répétition). Dimitri DENISV (flûte), Orchestre symphonique du ministère de la culture d’URSS, dir. : Guennadi ROJDESTVENSKI. DDD–2019–49’ 26 et 63’ 48’’–Textes de présentation en russe et en anglais–Melodia MEL CD 10 02604

Les mélomanes qui connaissent la langue russe sont gâtés car ce double CD fait entendre à trois reprises, et durant près d’une demi-heure, la voix d’Edison Denisov, sans conteste un des compositeurs les plus inventifs de sa génération : il présente lui-même les trois œuvres qui y sont enregistrées, en répondant aux questions du grand chef d’orchestre Guennadi Rojdestvenski (le livret en fournit la traduction en anglais). 

Bien qu’il ait été un temps l’élève de Dimitri Chostakovitch, Edison Denisov a très tôt été marqué par le sérialisme et attiré en particulier par Anton Webern. Il le cite d’ailleurs dans sa Symphonie n° 1, qui est peut-être son chef-d’œuvre et que Daniel Barenboim lui a commandée en décembre 1987 pour commémorer le 20e anniversaire de l’Orchestre de Paris. 

Créée quatre mois plus tard et divisée en quatre mouvements sur le modèle beethovenien, elle forme une fresque sonore d’une étonnante puissance dramatique, un peu comme si avec elle Edison Denisov avait voulu décrire l’éternel combat entre le bien et le mal, la lumière et les ténèbres. Dans le deuxième mouvement, tranquillo, seules interviennent les cordes, alors que le troisième, agitato, très court, violent à l’extrême, est presque entièrement dévolu aux cuivres et aux percussions et que le quatrième, adagio, brasse tous les instruments de l’orchestre jusqu’au vertige -une plongée parmi les abîmes qu’aucun auditeur ne peut écouter sans frissonner. Oui, c’est là une des grandes symphonies des dernières décennies du XXe. Panégyrique pour panégyrique : elle vient justement rappeler que la génération d’Edison Denisov, avec des personnalités aussi remarquables que Sofia Goubaïdoulina, Galina Oustvolskaïa, Andreï Volskonski ou encore Alfred Schnittke, a été un âge d’or de la musique en URSS et en Russie.

Jean-Baptiste Baronian

 

 

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.