Itzhak Perlman, à la carte et en menu dégustation

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Itzhak Perlman The Warner Classics Edition. Complete Recordings on EMI Classics, Teldec, Erato & Warner Classics. Livret en anglais, allemand et français. 78 CD 5021732619938

Warner célèbre les 80 ans ​​d’Itzhak Perlman avec la partition d’un beau coffret dans sa grande tradition éditoriale actuelle. Itzhak Perlman, comme Maria Callas, un artiste qui incarne l’identité de ce label au fil de ces filiales noms EMI Classics, Teldec, Erato et dont la majorité de la carrière est documentée chez les labels du groupe Warner, même si l'artiste a également enregistré pour les autres majors que sont DGG et RCA à différents moments de sa brillante carrière, mais en bien moindre quantité.

L’amateur de raretés ne cherchera pas ici des galettes inédites ou des versions alternatives méconnues, le legs d’Itzhak Perlman est depuis toujours au catalogue du label et ses enregistrements sont régulièrement repris dans d’autres éditions comme les coffrets consacrés à des chefs comme André Previn, Carlo Maria Giulini et Zubin Mehta ou des coffrets dédiés à des compositeurs comme Prokofiev ou Stravinsky. Mais retrouver, en 78 disques, cette somme est un plaisir qui ne se refuse pas, telle une visite dans un grand musée pour se confronter aux chefs d'œuvres ou le menu dégustation d’un restaurant étoilé.

Car avec Itzhak Perlman, tout ce qu’il touche est de l’or, que ce soit des grands concertos, de la musique de chambre, mais aussi des albums de jazz avec André Previn ou des musiques Klezmer. L’un des albums les plus révélateurs de cette capacité à faire de chaque note un émerveillement se trouve dans le disque “Concertos From My Childhood” et consacré à des partitions d’Oskar Rieding, Fredrich Seitz, Jean-Baptiste Accolay, Charles-André de Bériot ou Jean-Baptiste Viotti. Tout mélomane qui a eu des apprentis violonistes dans son entourage sait que, si ces œuvres sont des passages obligés de la formation d’instrumentistes, leur académisme ne les sert pas franchement sous des archets en formations et donne des migraines aux proches. Mais avec Itzhak Perlman, tout est frais et inspiré, point de routine et encore moins d’académisme avec ce violoniste fabuleux. On en regretterait presque qu'il n’a pas enregistré des arrangements de chansons d'Annie Cordy ou du Grand Jojo…Que ce soit dans la concentration des Sonates et Partitas de Bach ou dans le dialogue chant-violon en compagnie de Placido Domingo, Itzhak Perlman est souverain et impérial, tel un label de haute qualité.

Ce qui frappe également c’est la constance du niveau violonistique. Parfois, au fil d’une carrière, il y a des évolutions, et certaines versions et remakes peuvent être moins bien. Que l’on écoute le Concerto de Brahms sous la direction de Carlo Maria Giulini, en 1976, avec le Chicago Symphony Orchestra ou le remake avec les Berliner Philharmoniker, en 1992, sous la baguette de son ami et complice Daniel Barenboim, le résultat est tout aussi solaire.

Si l’on compare les deux Concerto n°2 de Serge Prokofiev avec Guennadi Rojdestvenski et le BBC Symphony Orchestra en 1980 ou l’autre version avec Daniel Barenboim et le Chicago Symphony Orchestra en 1993, on en vient à préférer le remake, plus incisif et plus pyrotechnique.

La plastique de la sonorité d’Itzhak Perlman a toujours été phonogénique et elle s'épanouit avec des accompagnements luxueux. On peut ainsi écouter en boucle ce Triple concerto de Beethoven avec Yo-Yo Ma au violoncelle et Daniel Barenboim menant du clavier les Berliner Philharmoniker. C’est vertigineux d’opulence et de beauté dans les timbres des solistes et de l’orchestre, tout s'emboîte comme le moteur de haute précision d’une formule 1.

Le violoniste est aussi un homme de complicités, établissant des collaborations régulières et solides avec les chefs André Previn, Bernard Haitink, Seiji Ozawa ou Zubin Mehta, le pianiste (et chef d’orchestre) Daniel Barenboim et Vladimir Ashkenazy, le violoniste PInchas Zukerman, les violoncellistes Lynn Harrell et Yo Yo Ma. Que du beau monde et que des grands musiciens capables de se hisser au niveau d’Itzhak Perlman, l'écouter, l’accompagner et dialoguer avec lui.

Au final, un coffret avec des enregistrements bien connus, mais toujours à savourer en menu intégral ou à la carte.

Note globale : 10

Crédits photographiques : Johnathan Levine

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