Vendredis 18 et 25 février 2022 à 20h
Samedis 19 et 26 février 2022 à 20h
Dimanches 20 et 27 février 2022 à 16h.
Direction musicale: Benoît Giaux
Mise en scène et scénographie: Vincent Dujardin
Dramaturgie: Elise Gäbele
Salle de Concert de l’IMEP. Tarif : 15€ – 10€ (60+) – Gratuit → 26 ans Réservations obligatoires : billetterie@imep.be ou 081/73.64.37.
Note d’intention par Elise GÄBELE, Vincent DUJARDIN & Benoît GIAUX
Opéra baroque en trois actes, Didon et Enée (Dido and Æneas) est à la fois le premier opéra en langue anglaise et le chef-d’œuvre d’Henry Purcell (1659-1695).
Contrairement à la plupart des compositions de Purcell pour la scène, cet opéra ne fut jamais totalement oublié et reste sans doute son œuvre la plus célèbre.
Admirable tant par son efficacité dramatique que par l’intensité des émotions qui y sont représentées, cette partition est d’abord marquée du sceau de l’esthétique baroque.
L’origine du mot baroque vient du portugais barocco et désigne une perle irrégulière, comme le souligne Furetière en 1690, dans son Dictionnaire universel :« C’est un terme de joaillerie qui ne se dit que de perles qui ne sont pas parfaitement rondes. »
Appliqué à l’écriture (musicale ou théâtrale), ce concept désigne donc un ouvrage de forme irrégulière, échappant aux normes et se caractérisant par la recherche du bizarre, de la métaphore hardie, de l’adjectif insolite, avec un goût pour l’ostentation.
À la direction de ce projet, guidés par cette idée dramaturgique revendiquée et assumée, nous avons gardé en tête un objectif précis : comment, en prenant appui sur ce que l’on peut appeler « une certaine tradition », réussir à fédérer une équipe de jeunes interprètes et l’embarquer avec soi hors des sentiers battus ? Pour « cultiver la surprise », d’abord.
Plus largement encore, comment, en axant la recherche, la mise en chantier puis la création d’un spectacle concret, respecter une tradition anglaise riche de ses références (liées au contexte historique, à « l’écriture-témoignage » d’une époque, etc.) tout en dessinant un espace-temps assurément plus proche du nôtre, aujourd’hui, en 2022.
Avec Purcell (et comme toujours avec les dramaturges de grande importance), l’homme et la femme sont regardés à la loupe et croqués dans ce qu’ils ont à la fois de plus tendre et sympathique, mais aussi de plus stupide, de plus cruel et de plus veule.
Modèle de séduction, d’amour et de douleur, l’histoire de Didon et Enée peut se résumer en quatre verbes : il arrive, ils s’aiment, il repart, elle en meurt.
Prenant appui sur cette formule, Purcell dépeint avec une grande évidence les travers humains ; et il donne à réfléchir à la portée de comportements jouant parfois avec le feu de l’immoralité – on pense par exemple aux personnages des sorcières, figures maléfiques qui font glisser les destins sur une pente très dangereuse.
Et donc, puisque la dramaturgie inhérente à ce genre de scénario est complètement ouverte, reste alors à faire craquer le vernis, pour amener une vérité la plus grande possible sur le devant du théâtre.
À partir d’une belle écoute, d’un grand sens de l’observation et d’une volonté d’être le plus créatif possible, pour chacun, le défi personnel restera de fleurir le jeu par un maximum de possibilités et d’ouvertures ; en affirmant en permanence la force de frappe qui est la sienne en matière d’incarnation.
Bref, c’est d’abord par une mise en évidence de ce que Purcell apporte de connu, de convenu (voire de conventionnel) ou de « classique » en matière de style de jeu et d’imagerie à définir, que nous nous amuserons ensuite à prendre une sérieuse tangente. Pour oser chercher le motif ailleurs que dans le tapis ! Tous ensemble. Sans craindre de mélanger les esthétiques ni gommer les contours « rock n’roll » d’un projet basé sur un réjouissant éclatement des formes (dans le sens baroque du terme, on l’aura compris) ; et en l’espèce, parvenir à rendre le chef-d’œuvre de Purcell proche du spectateur actuel et débusquer dans son théâtre, par des moyens créatifs originaux, ce qu’il contient de surprenant et d’incongru, d’une part, et d’universel et éminemment humain, d’autre part.