Les Ballets russes entre la Sarre et la Fôret noire
Igor Stravinsky (1882-1971) : Le Sacre du printemps, Petrouchka, Pulcinella, Feu d’Artifice, Le Chant du Rossignol, L’Oiseau de feu, Apollon musagète ; Claude Debussy (1862-1918) : Jeux, Prélude à l'après midi d’un faune ; Paul Dukas (1865-1935) : La Péri ; Maurice Ravel (1875-1937) : Daphnis et Chloé, La Valse ; Florent Schmitt (1870-1958) : La Tragédie de Salomé ; Françis Poulenc (1899-1963) : Les Biches ; Piotr Ilyich Tchaikovsky (1840-1893) : Suites du Lac des Cygnes et de la Belle au bois dormant ; Manuel de Falla (1876-1946) : El Sombrero de tres picos ; Serge Prokofiev (1891-1953) : Chout, Ala et Lolly ; Richard Strauss (1864-1949) : Till Eulenspiegels lustige Streiche ; George Auric (1899-1983) : Les Fâcheux, La Pastorale ; Nikolai Rimsky-Korsakov (1844-1908) : Shéhérazade ; Darius Milhaud (1892-1974) : Le Train Bleu ; Vincenzo Tommasini (1878-1950) : La donne di buon umore ; Henri Sauguet (1892-1974) : La Chatte. SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg, Sylvain Cambreling, Michael Gielen, Marcello Viotti, Yuri Ahronovitch, Hiroshi Wakasugi, Ernest Bour, Fabrice Bollon, Kirill Karabits, Christopher Hogwood, Alejo Pérez, Zoltán Peskó , Gérard Korsten ; Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücken Kaiserslautern, Christoph Poppen, Robert Reimer. 1972-2012. Livret en allemand et anglais. 1 coffret de 10 SWR Musik. SWR19431CD.
Le label de la SWR remet en boîte toute une série d’enregistrements publiés séparément dans les années 2010 sous le thème des Ballets russes. Cet hommage aux partitions commandées par le célèbre impresario n’est en rien exhaustif, d’ailleurs même le récent coffret Warner ne pouvait y prétendre, il s’impose comme un panorama assez large d'œuvres qui sont parfois des tubes, parfois des raretés. L’orchestre du symphonique du SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg se taille la part du lion de ce coffret, légèrement secondé par ses cousins de la Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücken Kaiserslautern. On retrouve au pupitre les directeurs musicaux successifs de l’orchestre du Bade-Wurtemberg : Ernest Bour, Michael Gielen ou Sylvain Cambreling, épaulés par une pléiade de solides chefs invités.
On retient de ce coffret sa belle homogénéité en présentant les grands ballets de Stravinsky dans des interprétations solides et cohérentes de Sylvain Crambreling et Zoltán Peskó. Le commentateur apprécie la lisibilité et la puissance du Daphnis et Chloé de Ravel sous la direction de Michael Gielen ou la belle plastique de la Shéhérazade de Rimsky-Korsakov sous la direction fluide et inspirée d'Alejo Pérez. Aux sommets de ces “classiques”, on retient une lecture de Chout de Prokofiev, donné ici dans sa version complète, sous la direction pyrotechnique de Kirill Karabits alors que la phalange allemande, rompue aux musiques contemporaines les plus exigeantes, fait bloc et surmonte les difficultés de la partition. On se satisfait également les lectures puissantes et La Péri de Dukas et de la Tragédie de Salomé de Florent Schmitt par Sylvain Cambreling. Tout comme il faut écouter le travail sur la lisibilité et la transparence des pupitres que Fabrice Bollon déploie dans El Sombrero de tres picos de Manuel de Falla, plus impressionniste que fauviste.
On est également heureux de pouvoir entendre dans de bonnes conditions techniques Le Train Bleu de Darius Milhaud, la Chatte d’Henri Sauguet et les Fâcheux de Georges Auric. Certes, un François-Xavier Roth et les Siècles dynamiteraient ces œuvres, mais les lectures proposées ici sont assez satisfaisantes. Elles surclassent aisément l’antique album gravé par un Markevitch très âgé au pupitre de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo (Adès), un enregistrement au fini instrumental désastreux.
Un coffret certes partial et partiel mais intéressant pour son homogénéité interprétative. Il faut par contre regretter un notice très succincte, un peu trop "low cost" pour un tel projet.
Son : 7/10 Notice : 6 Répertoire : 8/10 Interprétation : 9/10
Pierre-Jean Tribot