Compagnonnage musical berlinois avec Frank Peter Zimmermann
Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour violon en ré majeur, Op.61 ; Alban Berg (1885-1935) : Concerto pour violon à la mémoire d’un Ange ; Béla Bartók (1881-1945) : Concertos pour violon n°1 Sz 36 et n°2 Sz 112. Frank Peter-Zimmermann, violon ; Berliner Philharmoniker : Alan Gilbert, Daniel Harding, Kirill Petrenko. 2016-2020. Livret en allemand et anglais. 118’37’’. 1 coffret Disc Berliner Philharmoniker Recordings BPHR 210151.
Le label de l’Orchestre Philharmonique de Berlin édite un beau coffret en hommage à l'amitié et la complicité musicale qui unit la phalange allemande avec son compatriote le violoniste Frank Peter Zimmermann. En effet, à Berlin, le soliste est presque chez lui et le livret de présentation nous rapporte qu’une amitié de 36 ans lie le soliste à l’orchestre. De nombreux concerts se sont écoulés depuis les débuts d’un jeune homme de 19 ans à l’occasion d’un concert à Waldbühne ! Depuis, ce parcours amical a contribué à de grands concerts avec même la création mondiale d’un concerto de Magnus Lindberg.
Moins médiatisé dans le monde francophone que d’autres virtuoses, ce musicien est l’un des violonistes majeurs de notre époque tant par son niveau musical et technique que par son ouverture d’esprit qui le porte vers des œuvres contemporaines ou plus rares. Le mélomane apprécie sa qualité de jeu, tel un diamant qui brille de mille feux et dont la maîtrise stylistique lui permet de se mouvoir avec aisance dans toutes les oeuvres qu’il aborde.
Ainsi, ce coffret nous le présente altier et apollinien dans un Concerto de Beethoven conquérant ; puissamment narratif, capiteux et chantant dans le Concerto à la mémoire d’un ange de Berg et scintillant, contrasté et coloré dans les Concertos n°1 et n°2 de Bartók. Du côté de l’orchestre, on salue la qualité instrumentale et la capacité des chefs de pupitres à dialoguer avec le soliste que ce soit dans Beethoven, Berg ou Bartók. Mais la phalange berlinoise reste un bloc compact à la masse orchestrale parfois massive d’autant plus qu’elle est moyennement dirigée par un Daniel Harding suiveur et peu meneur (Beethoven) ou un Alan Gilbert qui passe en force (Bartók). Seul Kirill Petrenko dans le Concerto de Berg se montre un accompagnateur attentif aux moindres sollicitations de son soliste. Ensemble, ils livrent l’une des plus belles versions au disque par le sens dramatique et la palette des couleurs velourées.
Comme toujours, on salue le soin éditorial des albums des Berlinois : disque compact, fichiers sonores en HD pour le téléchargement et Blu-Ray pour l’image sans oublier le bon pour une découverte gratuite du Digital concert Hall.
Ce coffret est d’un très haut niveau violonistique et il saura séduire tous les amoureux de beau violon même si ces interprétations doublonnent avec d’autres albums studios du chef.
Son : 9 - Livret : 10 - Répertoire : 10 - Interprétation : 9
Pierre-Jean Tribot