Mahler d'apothéose avec Osmo Vänskä
Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°8 en mi bémol majeur. Carolyn Sampson et Jacquelyn Wagner, sopranos ; Sasha Cooke et Jess Dandy, altos ; Barry Banks, ténor ; Julian Orlishausen, baryton ; Christian Immler, basse. Minnesota Chorale, National Lutheran Choir, Minnesota Boychoir, Angelica Cantanti Youth Choir, Minnesota Orchestra, Osmo Vänskä. 2022. 2022. Livret en anglais, allemand et français. Texte chanté en latin et allemand, traduction en anglais. 83’13’’. BIS 2496.
Avec cet album Osmo Vänskä clôt son mandat de directeur musical auprès du Minnesota Orchestra. Ce mandat commencé en 2003 est incroyablement long au regard des pratiques mais il témoigne de la solidité du travail avec le chef finlandais, excellence dont témoignent des enregistrements des symphonies de Beethoven, Sibelius et de Mahler. Du cycle des symphonies de Mahler, il ne manquera plus que la Symphonie n°3 pour boucler le parcours, mené à bon train et avec une hauteur de vue saluée à plusieurs reprises sur notre site.
Cette Symphonie n°8 avait été programmée en juin 2022 à l’occasion des derniers concerts d’Osmo Vänskä au poste de directeur musical, mais avalanche de luxe, cet enregistrement se base tant sur des captations de concerts que sur des sessions en studio ! Au regard des coûts importants de la production d’une telle œuvre, ce luxe était devenu une exception ! Bien évidemment, les techniciens de Bis avaient ainsi un maximum de matière pour produire un enregistrement démonstratif tant le hifisme leur coule dans leurs veines. Le résultat est convaincant avec une précision du son qui permet une lisibilité des pupitres et des voix avec une restitution absolument parfaite ! La première partie et le finale sont bien évidement des grands moments hifistes !
Du côté interprétatif, on sent l'enthousiasme et l’énergie qui se dégagent de cette lecture. Tout est communicatif mais sans précipitation, ni brutalité. Le geste du chef est peut-être moins original que dans d’autres symphonies, mais la gestion des masses instrumentales et chorales ainsi que la construction de l’architecture de cette partition monumentale sont les premières préoccupations pour le maestro. Tout s’imbrique avec logique et intelligence dans cette interprétation riche en beaux moments à l’image de l’introduction de la 2e partie dont on admire le traitement des équilibres instrumentaux. Les nombreuses forces du Minnesota sont excellentes, à l’image de tant de chœurs non-professionnels des USA et on salue l'homogénéité, la variété des nuances et les couleurs idoines. La distribution de solistes vocaux est au même niveau avec, là encore, une impression d’une force collective impressionnante.
La discographie de cette partition est très riche avant tant de réussites : Bernstein (Sony et DGG), Solti (Decca), Ozawa (Philips), Gielen (Sony et DWR), Rattle (Warner et BPhil), Bertini (Wagner), Boulez (DGG), Kubelik (DGG), Chailly (Decca), Abbado (DGG), Tilson Thomas (SFS Media), Gergiev (LSO Live), Nézet-Séguin (DGG), mais cette nouvelle version est une grande réussite.
Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10
Pierre-Jean Tribot