Les Maîtres chanteurs des possibles avec Christian Thielemann ! 

par

Richard Wagner (1813-1883) : Die Meistersinger von Nürnberg. Georg Zeppenfeld, Hans Sachs ; Klaus Florian Vogt, Walther von Stolzing ; Jacquelyn Wagner, Eva ; Adrian Eröd, Sixtus Beckmesser ; Vitalij Kowaljow, Veit Pogner ; Günter Haumer, Konrad Nachtigall ; Rupert Grössinger, Hermann Ortel ; Sebastian Kohlhepp, David ; Iurie Ciobanu, Kune Vogelsang ; Christa Mayer, Magdalene. Salzburger Bachchor, Chor der Sächsischen Staatsoper Dresden, Staatskapelle Dresden, Christian Thielemann. 2019. Livret en allemand et anglais. 4 CD Profil. PH20059

L’édition Staatskapelle de Dresde de Profil se poursuit avec une arrivée de choix : une intégrale des Maîtres Chanteurs de Nuremberg sous la baguette de Christian Thielemann. Avec cet opéra, la Staatskapelle de Dresde joue dans son arbre généalogique ! Si le passage de Wagner à Dresde est bien connu des biographes, les liens entre le légendaire orchestre saxon et cette oeuvre sont étroits : dès 1938, la phalange enregistra, sous la baguette de Karl Böhm, le premier enregistrement mondial (il faut rappeler que les Maîtres Chanteurs de Nuremberg furent largement utilisés par la propagande nazie) alors que la gravure de 1970 sous la direction d’Herbert von Karajan (Warner) est toujours l’une des grandes références dans l’oeuvre ! Les archivistes possèdent également une captation de 1951 avec le grand Rudolf Kempe au pupitre (Profil). 

Cette nouvelle parution est le fruit de représentations dans le cadre du Festival de Pâques de Salzbourg, édition 2019. Force est de constater que le chef d’orchestre Christian Thielemann est l’artisan de cette immense réussite. Wagnérien émérite, directeur musical du Festival de Bayreuth, le musicien atteint ici l’inoubliable. Aux commandes d’une phalange magistrale dans sa précision, ses couleurs et son engagement, il joue véritablement de l’orchestre, se plaisant à faire briller des détails tout un imposant un creuset dramaturgique exemplaire fait d’une grande fluidité. 

Côté distribution, ce casting est intéressant car il propose de belles prises de rôles à l’image de l’excellent Georg Zeppenfeld en Hans Zachs ou de Jacquelyn Wagner en Eva, sans oublier la présence charismatique de Klaus Florian Vogt en Walther von Stolzing. Dans ce rôle qu’il connaît comme sa poche, ce chanteur fait toujours preuve d’un charisme vocal et scénique absolument magistral, donnant à chacune de ses interventions une véritable leçon de chant. Tous les artistes sont portés par la force exceptionnelle qui découle de cette soirée à marquer d’une pierre blanche. Le choeur de l’Opéra de Dresde, complété par le choeur Bach de Salzbourg, est formidable d’homogénéité et d’engagement. 

La prise de son radiophonique est excellente et le livret de 183 pages, même si uniquement disponible en allemand et anglais, est une mine de renseignements et d’érudition. 

Dès lors, on tient là, la grande référence de ce début de XXIe siècle, car depuis le magistral enregistrement de Georg Solti à Chicago (Decca) en 1997, aucune captation ne s’est hissée à ce niveau musical. 

Notons par ailleurs que venant après un superbe album Richard Strauss puis une lecture personnelle du Requiem de Verdi, Christian Thielemann et ses Saxons affichent un niveau artistique épatant. 

Son : 10 Livret : 10 Répertoire : 10 Interprétation : 10 

Pierre-Jean Tribot 

 

 

 

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