Maritime avec Marie-Nicole Lemieux et Paul Daniel 

par

Edward Elgar (1857-1934) : Sea Pictures, Op.37 ; Ernest Chausson (1855-1899) : Poème de l’Amour et de la Mer, Op.19 ; Victorin Joncières (1839-1903) : La Mer. Marie-Nicole Lemieux, contralto. Choeur de l’opéra National de Bordeaux, Paul Daniel. 2019-Livret en français, anglais et allemand-64’22. Erato 0190295424336.

C’est l’un des événements discographiques de l’automne et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il comble toutes nos attentes. Star du chant, adulée du public belge depuis son triomphe au Concours Reine Elisabeth 2000, la contralto Marie-Nicole Lemieux est exemplaire dans les deux chefs d’oeuvre que sont les Sea Pictures d’Edward Elgar et le Poème de l’Amour et de la Mer d’Ernest Chausson. Dans ces deux oeuvres, on salue la narration et la musicalité de la chanteuse canadienne dont le timbre sert ces deux merveilles à la fois si différentes mais finalement si proches ! Le chef d’orchestre Paul Daniel est un accompagnateur parfait dont la flexibilité stylistique est exemplaire autant dans l’univers d’Elgar que dans celui de Chausson ; son sens des couleurs cerne idéalement le ton de ces deux partitions. L’Orchestre National Bordeaux Aquitaine, très concentré, fait preuve de précision et d’attention. Certes, les références sont nombreuses, à la fois dans Chausson et dans Elgar, mais ces interprétations se placent au sommet de la discographie.   

En complément, on se plait à découvrir La Mer du très oublié Victorin Joncières. Excellente idée qui nous évite les marronniers maritimes que sont La Mer de Debussy ou Une Barque sur l’Océan de Ravel. Wagnérien de passion, peintre de formation avant de s’orienter vers la composition, Victorin Joncières est une figure bien oubliée de l’Histoire de la musique. Un caractère ombrageux et sans concessions lui ferma beaucoup de portes en dépit d’un talent brut qui aurait pu évoluer vers la célébrité et la reconnaissance. Son ode-symphonique La Mer, composée en 1881, convoque, en quatre parties sur un texte assez scolaire du poète Edouard Guimand, une soliste, un choeur mixte et un orchestre. Exhumée avec la célérité du Palazzetto Bru Zane, cette partition est un apport intéressant au répertoire et à notre connaissance du patrimoine musical français. L’équipe artistique de grand luxe est au service de cette musique et elle lui apporte un soin méticuleux ! Une chose est sûre : Joncières n’a jamais été aussi bien interprété ! 

Un grand disque porté par de formidables musiciens et qui montre les formations symphoniques françaises se réapproprier leur héritage culturel. 

Son : 10  Livret : 10  Répertoire : 10  Interprétation : 10 

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