Marzena Diakun, Brahms en Espagne

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La formidable cheffe d’orchestre Marzena Diakun fait paraître un premier enregistrement consacré à des partitions rares de Brahms, au pupitre de l’Orquesta y Coro Comunidad de Madrid dont elle assure la direction musicale. A cette occasion, la musicienne répond à nos questions par rapport à ses projets avec son orchestre madrilène 

Votre premier enregistrement avec votre Orquesta y Coro Comunidad de Madrid (Fundación ORCAM) est consacré à des œuvres de Brahms, mais des œuvres assez rares au disque ? Pourquoi avoir choisi Brahms et ces œuvres "rares" ? 

La Fundación ORCAM, c'est non seulement un orchestre, mais aussi un chœur professionnel. Mon objectif en tant que directrice musicale était de travailler avec les deux formations musicales et de développer leur niveau d’excellence. Les deux premières années de cette collaboration avec l'ORCAM ont été axées sur la précision -c'est pourquoi nous avons joué beaucoup de Haydn, Mozart, Schubert...- et sur la qualité du son. Les œuvres de Brahms nous ont permis de travailler sur l'unification du son de chaque groupe de l'orchestre, de travailler sur la couleur, la profondeur et d'essayer de trouver une sonorité veloutée, douce et chaleureuse. 

Brahms et son univers automnal d'Europe du Nord n'est pas le compositeur le plus associé à l'esprit espagnol. Comment vos musiciens ont-ils réagi à ce projet ? S'agissait-il d'un défi particulier pour eux ?   

Les œuvres de Brahms m'ont accompagnée depuis ma plus tendre enfance. J'ai grandi entourée et j'ai écouté ses symphonies ; d'une certaine manière, sa sonorité poétique et mélancolique, ainsi que son dramatisme profond et une sorte de désespoir sont très proches de mon âme. Les musiciens de l'ORCAM sont très talentueux et ils ont tout de suite su me lire et oublier le soleil espagnol. Et c'est toujours une grande aventure et un plaisir de travailler en détail sur de tels chefs-d'œuvre.

Vous êtes chef principal de l'Orquesta y Coro Comunidad de Madrid depuis septembre 2021. Comment résumeriez-vous la situation après deux ans et demi en tant que directeur artistique et chef principal ? 

Dès le début, nous avons senti une sorte de grande alchimie entre nous, les musiciens et moi-même. Ils m'ont donné une sorte de "crédit de confiance" et j'ai tout fait pour l'utiliser de la meilleure façon possible, en les défiant jusqu'à leurs limites d'endurance.  Je dois dire qu'ils jouent vraiment à 100 % de leurs possibilités à chaque concert. Leur implication me permet d'aller plus loin dans mes recherches musicales. Bien sûr, maintenir le niveau est un effort permanent, qui doit être répété constamment, donc ce n'est pas seulement moi qui inspire les musiciens mais aussi les chefs invités et tous les grands solistes que j'ai choisis pour compléter les saisons. 

L'Orquesta y Coro Comunidad de Madrid est très actif dans divers projets sociaux, y compris des projets pour les jeunes. Y participez-vous ? 

Oui, c'est une institution tout à fait unique à cet égard. La fondation ORCAM comprend également trois petits orchestres d'enfants, un orchestre de jeunes, un chœur d'enfants et de jeunes filles, des groupes de participation et d'inclusion sociale et culturelle pour les personnes souffrant de maladies mentales, une école d'écoute, etc... L'objectif est de créer une synergie entre ces différentes formations. Par exemple, lors de certains de mes concerts à l'Auditorium National de Madrid, nous avons invité les meilleurs musiciens de l'orchestre des jeunes à jouer parmi nos musiciens professionnels, nous essayons de combiner toutes les formations, d'enseigner au public comment écouter la musique et de préparer notre public... J'espère que cette institution unique prospérera encore longtemps.  

Quels sont vos futurs projets avec votre orchestre ?

J'aimerais terminer cette saison avec un nouvel enregistrement -cette fois avec des compositeurs espagnols et français, et d'autres œuvres pour chœur et orchestre. Mais avant cela, nous avons des programmes très intéressants à jouer autour du thème de l'Est, comme par exemple la Symphonie n°1 de Scriabine, le Sacre du printemps et la Symphonie de psaumes de Stravinsky et la Symphonie n°2 de Rachmaninov, entre autres, avec de grands musiciens invités comme Liza Ferschtman et Charles Dutoit.

Le site de Marzena Diakun : www.diakun.com

A écouter :

Johannes Brahms: Schicksalslied op. 54,  4 Gesänge op. 17,  Alt-Rhapsodie op. 53, Nänie (Friedrich Schiller) op. 82, Gesang der Parzen, Op. 89, Liebeslieder-Walzer op. 52. Agnieszka Rehlis, alto, Coro de la Comunidad de Madrid, Orquesta de la Comunidad de Madrid, direction :  Marzena Diakun; IBS.132023.

Crédits photographiques : Marco Borggreve

Propos recueillis par Pierre-Jean Tribot

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