Maya Levy, Prokofiev et Piazzola 

La jeune violoniste Maya Levy est l’un des grands talents émergents de la scène musicale belge. Alors qu’elle fait paraître un album intitulé "Lockdown” qui propose des œuvres de  Prokofiev et Piazzolla (avec la complicité du violoniste Hrachya Avanesyan), la jeune musicienne déborde d’énergie et se lance dans de nouveaux projets. May Levy répond aux questions de Crescendo Magazine  

Votre nouvel album s’intitule "Lockdown". Il met en relief Prokofiev et Piazzola. Comment avez-vous choisi ce titre et ce programme ?

La concrétisation de ce disque nous est venue naturellement lorsque, emails après emails, les annulations et reports s'enchaînaient. Les concerts, les festivals, les projets d’enregistrements, les concours.. Tout ! Il était  impossible de se projeter avec certitude. Alors vivant à 2, étant tous deux violonistes, et étant en quarantaine à ce moment-là, nous avons tout simplement décidé d’enregistrer notre propre album chez nous. De plus, ce programme nous permettait de saluer le centenaire de la naissance de Piazzolla, ainsi que de rendre hommage à Prokofiev qui lui même avait vécu un ‘vrai’ lockdown humain durant ses années passées en URSS. A ce titre, notre ‘lockdown’ dû à la crise sanitaire faisait petite mine à côté du sien.

Ce programme était-il déterminé avant la pandémie ou cette dernière vous a-t-elle conduits à changer les œuvres envisagées pour cet album ?

C’est effectivement la pandémie qui nous a soufflé ce projet à l’oreille. Tout d’abord de jouer à deux et puis ce programme qui reflétait bien notre état d’esprit à ce moment-là… La noirceur de Prokofiev, et la mélancolie de Piazzolla.

Le lockdown, cette parenthèse dans la vie des concerts, devait être une rude épreuve pour les jeunes musiciens. Comment l’avez-vous vécu ?

D’une part extrêmement mal car presque aucun concert n’a survécu durant 2 ans, c’était si long, vide, interminable… cela me manquait tant… L’habitude d’être sur scène s’est éloignée jusqu'à arriver au point de se poser la questions de ce que cela ferait de remonter sur scène, de saluer son public! Et d’autre part, j’ai élargi énormément mon répertoire, pour en ressortir plus forte, et je ne me suis jamais arrêtée de travailler, jour après jour. Résultats, quand je suis remontée sur scène lors de concerts en Pologne, Espagne ou Corée, dernièrement, je me sentais en pleine forme instrumentale, et bien sûr que je n’avais pas perdu « l’habitude de la scène »

Vous avez récemment joué sur la scène de Bozar à l’occasion d’un concert donné en l’honneur de la chancelière A. Merkel. Est-ce que cet événement revêtait un aspect particulier pour vous ?

Tout d’abord c’est toujours un plaisir de jouer à Bozar, mais effectivement cette fois-là était un peu particulière car c’était pour les Adieux de la Chancelière allemande qui a été et restera toujours d’une grande importance dans l’histoire de l’Europe. Mais le fait même qu’elle soit dans la salle, ou une personne n’ayant pas son « statut », ne changeait pas grand chose pour moi car ma priorité est toujours de jouer de la manière violoniste la plus représentative de moi même et d’en faire partager toute l’audience. Et je pense dans ce cas que « l’écoute » d’Angela Merkel n’est pas plus importante qu’une autre oreille. Mais cela n'enlève absolument pas le grand honneur que d’avoir joué pour elle !

Parlons également du futur, quels sont vos projets artistiques ?

Des projets de concerts évidemment. Avec une tournée de 12 concerts en Chine lorsque les voyages y seront à nouveau possibles, et mes débuts à la Philharmonie de Berlin qui avait  été postposée. Je vais également enregistrer des disques dans le courant de cette année. Par ailleurs, un projet humanitaire au détour de la musique me tient particulièrement à coeur. 

Le site de Maya Levy : www.mayalevyviolinist.com

A écouter : 

The Lockdown. Maya Levy, Hrachya Avanesyan, violons. 1 CD Rubicon. RCD1080

 

 

 

Propos recueillis par Pierre-Jean Tribot

Crédits photographiques : DR