Mikhail Pletnev : Chopin à Monte-Carlo

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Le grand Mikhail Pletnev était l’invité de la riche saison des récitals de piano organisée dans le cadre de la saison de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo. Chaque récital de Pletnev est une expérience unique par les options interprétatives qui questionnent le texte et interrogent l’esprit. Pletnev est un musicien authentique et un des pianistes les plus imaginatifs d'aujourd'hui. 

Ce récital consacré à Chopin est une performance fantastique, subtile et émouvante, extrêmement brillante et en même temps introvertie et très concentrée. Son âme et l'âme de Chopin se confondent comme deux ruisseaux qui se rejoignent pour former un fleuve. Ses belles sonorités pleines de poésie, de noblesse, d'éloquence et de passion tissent une toile magique dans laquelle on est entraîné. Il interprète la musique avec une simplicité de style, bon goût, avec un legato approprié,  sans fioritures vulgaires ou ornements excessifs. On aime tout de ce jeu magique : le phrasé si original, la dynamique pertinente, le ton lumineux, l'intensité, la qualité, la subtilité, la modestie, la lecture attentive de la partition sont d'une perfection tout simplement incroyable.

Le récital commence par la Polonaise en do dièse mineur op.26 n°1 et la Fantaisie en fa mineur op.49 qu'il enchaîne sans s'arrêter. Il pourrait jouer tout le récital sans interruption. Il ne recherche pas les applaudissements, ni à 'impressionner et à séduire le public. Il joue sur son piano Shigeru Kawai comme s’il était dans son salon. Pletnev a une capacité spéciale pour dévoiler la vérité fondamentale de la musique. Il ajoute de la profondeur en chantant les voix intérieures polyphoniques. Il recrée la Fantaisie d'une manière inoubliable et originale. Il est à la fois peintre et compositeur, Chopin est ressuscité, immortalisé par Pletnev. La première partie s'achève par la Barcarolle et la Polonaise-Fantaisie qui happent les auditeurs.  La seconde partie est consacrée à  un choix de six des Nocturnes. L'interprétation de Pletnev est exemplaire : il ne recherche pas la vélocité mais travaille le texte dans ses moindres recoins en rendant audibles les moindres inflexions musicales : pianissimi et accentuation des notes avec un rubato tout est plein de couleurs, de sensibilité et de pudeur. Le récital se termine en apothéose avec la célèbre Polonaise en la bémol majeur suivie de deux bis éblouissants.

Monte-Carlo, Auditorium Rainier III, le 20 janvier 2022

Carlo Schreiber

Crédits photographiques : Jean-Louis Neveu

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