Mozart à Monte-Carlo ou Salzbourg sur Mer

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L'Orchestre philharmonique de Monte-Carlo présente depuis plusieurs années un festival Mozart autour du 27 janvier, la date de naissance de Mozart. Le festival alterne des concerts avec orchestre et de la musique de chambre.

Pour le premier concert, nous avons eu le bonheur d’entendre Pierre Génisson dans le Concerto pour clarinette et orchestre de Mozart sous la direction du grand maître de la musique baroque Ton Koopman. Pierre Génisson est un des plus brillants représentants de l’école des vents français. Mozart était en tant que compositeur amoureux de la clarinette.

Une des pièces maîtresse des compositions de Mozart est son sublime concerto pour clarinette et orchestre. "La portée spirituelle et symbolique de ce concerto est immense" déclare Pierre Génisson. "Chaque fois que je reviens à ce chef-d’œuvre, j’éprouve la même émotion que lorsque je découvre une œuvre pour la première fois… Mozart et la clarinette, quelle combinaison particulière !"

L'interprétation de Génisson est magique. L'adagio résonne de bonheur et touche profondément. Le public lui réserve une ovation et il joue à nouveau l'adagio en bis, suivi de variations sur un des thèmes d'opéra de Mozart.

Haydn et Haendel ont pris place autour du concerto pour clarinette de Mozart. Ton Koopman, un jeune homme de 81 ans, déborde de bonheur et d'énergie. Il entame le concert avec la Musique pour les feux d'artifice Royaux  de Georg Friedrich Haendel. C'est est un festin pour les oreilles. Sous sa direction l'orchestre fait vibrer l'âme et frissonner. Les trilles croquantes des trompettes, les notes régulières des cors, la fluidité douce des cordes, la jonction énergique des bois, l'entrée en force des tambours, le tout gonfle jusqu'à un grand crescendo rempli d'émotions qui ne peut guère être meilleur. La Symphonie n°100 "Militaire" de Joseph Haydn clôt le programme. Elle doit son surnom de "Militaire" à l'importance de la percussion utilisée dans le second mouvement et à la fin du dernier. Trois musiciens apparaissent sur scène : triangle, cymbale et grosse caisse. Le public est hilare. 

Le pianiste David Bismuth, le clarinettiste Pierre Génisson, le Trio Goldberg et la violoniste Ilyoung  Chae (quatre musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Monte -Carlo) offrent une soirée de musique de chambre inoubliable autour de Mozart. On peut imaginer être convié dans le salon de musique d'un membre de la noblesse.  Bismuth commence le programme avec la Sonate n° 10 K. 330. Son interprétation est élégante, raffinée dans l'esprit du XVIII ème siècle. Le Quatuor avec piano n°1 en do mineur de Mendelssohn est un petit bijou, plein de fraîcheur et de charme. Son œuvre fait écho au parcours similaire de Mozart, tous deux compositeurs prodiges. Le Trio Goldberg composé de Liza Kerob au violon, Thierry Amadi au violoncelle et Federico Hood est au diapason de David Bismuth et ils ont une complicité étonnante. Après l’entracte le Trio Goldberg brille dans le Trio à cordes n° 3, op. 53 de Haydn.

Le Quintette pour clarinette et cordes K. 581 de Mozart est une des plus belles compositions de Mozart. Pierre Génisson joue sur une clarinette de basset. C'est un instrument moderne mais son approche est historiquement informée. Il arrive à tirer des sons magnifiques, une virtuosité éclatante avec des ornementations prodigieuses. Pierre Génisson, le génie du son. Le public est enthousiaste et après de nombreux rappels ils rejouent en bis le merveilleux "Larghetto" du Quintette.

C'est Kazuki  Yamada qui dirige son orchestre pour le troisième concert du Festival Mozart à Monaco.Il a invité deux jeunes musiciens comme solistes: le violoniste Bohdan Luts et la pianiste Alexandra Dovgan.

Le jeune violoniste ukrainien Bohdan Luts âgé de 21 ans est lauréat de nombreux prix internationaux. Grand Prix et Premier Prix du concours " Lviv Virtuoso".  Il décroche à 17 ans le Premier Prix du prestigieux concours Carl Nielsen au Danemark et le Premier Prix ainsi que le Prix du public au 2e concours Alberto Lysy de Gstaad. L’année suivante, il remporte le célèbre concours international Long-Thibaud ainsi que les prix du public et de la presse. Au programme à Monte-Carlo , le Concerto n°1 en si bémol majeur K207. Les attentes sont grandes avec ce palmarès impressionnant, mais son interprétation très académique est décevante. Tout est propre, belle sonorité, tempi exacts mais il ne se passe rien. Le public applaudit sa prestation et attend après plusieurs rappels un bis, la cerise sur le gâteau. 

Bohdan Luts a probablement reçu les instructions de ne pas en donner tout comme la merveilleuse pianiste Alexandra Dovgan qu'on retrouvre dans le Concerto n°12 en la majeur K.414/385p.

Alexandra Dovgan avait donné un récital inoubliable à Monte-Carlo il y a un peu plus d'un an. Partita de Bach, Les Adieux de Beethoven et Chopin. Son Mozart est un sommet. L'Andante est divin. La jeune prodige de 19 ans arrache les larmes. Le public lui réserve une ovation mais malgré une pluie d'applaudissements elle se retire humblement sans donner de bis.

Le Maestro Kazuki Yamada fait briller toutes les facettes de son diamant, l'OPMC. Il est arrivé en 9 ans à le polir au plus haut niveau. Dans la Symphonie n°40, il en fait briller toutes les facettes. Monte-Carlo ou Salzbourg sur Mer...

Monte-Carlo, Auditorium Rainier III, 27 janvier - 1er février - 2 février 2025

Crédits photographiques : Philippe Fitte / Direction de la communication

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