Mozart selon Tarmo Peltokoski
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Symphonies n° 35 KV 385 “Haffner”, n°36 KV 425 “Linz”, n°40 KV 550. Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, Tarmo Peltokoski. 2023. Livret en anglais et allemand. Deutsche Grammophon 4865745
Dans un récent article, nous parlions du côté crâneur de jeunes artistes qui osent se confronter d’emblée à des chefs d'œuvre… Le présent album, qui se place dans cette perspective, ne peut que nous interroger. D’un côté, le très jeune Finlandais Tarmo Peltokovski qui a seulement 24 ans est déjà associé, au titre de Directeur musical ou de chef invité privilégié, à des orchestres à travers l’Europe : la Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, l’Orchestre national de Lituanie, l’Orchestre national du Capitole de Toulouse et l’Orchestre philharmonique de Rotterdam et que l’on sait courtisé par d’autres orchestres majeurs. Le jeune homme signe ici son premier disque dans le cadre d’un contrat avec DGG, le label jaune. De l’autre des symphonies de Mozart, et non des moindres, marquées par tant de grandes baguettes du passé : de Karajan à Bernstein, en passant par Kleiber, Harnoncourt, Gardiner, Marriner, Krips, Bohm, Bruggen, Mackerras.
Le premier disque d’un jeune artiste est toujours délicat, c’est une photographie à un moment donné d’une carrière en ascension qui se confronte à d’autres interprétations, qui doit proposer une lecture originale et personnelle pour se démarquer mais qui doit aussi semer les graines d’évolutions futures tout en marquant les critiques et le public. En matière de direction d’orchestre, c’est encore plus difficile…surtout quand on s’attaque à de tels monuments.
Dès lors, que retenir de cet album ? Un orchestre vivifiant et affuté rompu à ces œuvres et un chef qui se plaît à séquencer le discours en une somme d’impressions. L’ensemble est dans l’air du temps, rapide comme il faut, énergique comme il faut, un peu surjoué mais sans trop exagérer. On pointe comme souvent avec les artistes de notre temps, cette manière de trop vitaminer les passages fortissimo, comme si un shoot de Red-bull rendait Mozart plus universel et pertinent. Il y a certes certains détails intéressants, certains équilibres bien trouvés dans les mouvements lents portés par la musicalité des pupitres de la phalange allemande qui impressionne par son engagement, alors que les mouvements rapides, un peu trop démonstratifs, sont un peu plus raides.
Notons que la version digitale de l'album propose en bonus des improvisations du chef d’orchestre qui passe derrière son piano pour se lancer dans des variations libres sur les thèmes de ces symphonies. Musicalement l'intérêt est très faible et ces réalisations ne se détachent jamais d’un bavardage musical superficiel. Ces bonus sont hélas une très mauvaise idée qui dessert tant Mozart que Tarmo Peltokovski.
Dès lors, on retient de ce disque certes une potentialité, mais qui n’écrase pas la discographie superlative et pléthorique et qui vient se loger dans le vendre éditorial de ces oeuvres.
Son : 7 Notice : 6 Répertoire : 10 Interprétation : 7
Chronique réalisée sur base de l'édition digitale