Nouvelle intégrale Schumann par Daniel Barenboim 

par

Robert Schumann (1810-1856) : Intégrale des symphonies. Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim. 2021. Livret en anglais et allemand. DGG. 2894862.

DGG célèbre les 80 ans de Daniel Barenboim avec une nouvelle intégrale des Symphonies de Schumann, enregistrée à Berlin, avec la Staatskapelle, en septembre et octobre 2021. 

Les Symphonies de Schumann, à l’inverse de celles de Bruckner, ne sont pas naturellement liées au monde musical de Daniel Barenboim, pourtant le grand musicien signe sa troisième intégrale de ces partitions après une première tentative au pupitre du Chicago Symphony Orchestra, en 1977, pour DGG et une seconde avec ce même orchestre berlinois pour Teldec  en 2003. 

A une époque de relectures historiquement informées aux effets allégés, Barenboim reste fidèle à une vision très symphonique spectaculaire et puissamment charpentée des Symphonies de Schumann. L’orchestre en gros tutti sonne avec force et une certaine épaisseur mais qui n'est jamais synonyme de lourdeur sauf dans la Symphonie n°1, moment de déception de cette intégrale. 

Ce traitement convient bien à la Symphonie n°3, imposante dans l’image d'un flot musical dense et d’une architecture presque intimidante de grandeur. C’est une cathédrale de notes bâtie par un architecte musicalement démonstratif mais pertinent. Même si on peut détester cette vision, force est de constater que “ça sonne” ! La Symphonie n°4 est presque du même niveau et il manque juste un regain d’engagement dramatique et de tension nerveuse pour imposer cette lecture au sommet. Il n'empêche, tous les contrastes et les caractères de cette œuvre toujours délicate à unifier sont parfaitement cernés.  On peut placer au niveau “très bon”, une lecture allante et altière de la Symphonie n°2. Le commentateur apprécie la fluidité narrative et les superbes couleurs qui se déploient des pupitres : le “scherzo” est un modèle d’intelligence musicale et presque une leçon de direction. Malheureusement, la Symphonie n°1 est une déception et accumule les regrets. La direction se fait lourde et saccadée et ce manque de fluidité ne fait que renforcer l’épaisseur du trait. Schumann a rarement autant regardé vers Bruckner.     

Une intégrale qui alterne l’excellent (Symphonie n°3) et le très bon (Symphonies n°2 et n°4), mais qui bute sur une Symphonie n°1 étonnamment lourde et pesante. Dès lors, dans sa globalité cette somme reste inférieure au premier essai du chef avec le Symphonique de Chicago. Une intégrale plus homogène et qui ajoutait une certaine énergie vivifiante à des pupitres d’un orchestre miraculeux. 

Son : 10  Notice : 9  Répertoire : 10  Interprétation : 8

Pierre-Jean Tribot

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