Palmarès du 10e Concours Nadia et Lili Boulanger, 5-8 décembre 2019

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Pour le 10e anniversaire du Concours chant-piano qui a lieu tous les deux ans à Paris et qui célèbre cette année le 40e anniversaire de la mort de Nadia Boulanger, le Centre International Nadia et Lili Boulanger a vaillamment affronté grèves et chaos urbain ; ses équipes faisant preuve, une fois de plus, d’un courage stoïque stimulé par la détermination des candidats.

31 duos chant-pianos venus du monde entier présentaient un programme éclectique de Lieder et Mélodies, allant de Haydn aux musiciens contemporains, devant un jury de célébrités ( Anne-Sophie Duprels, Christian Immler, Sophie Karthäuser, Ann Murray, Hartmut Höll, Anne Queffelec, Alain Planès, Mikail Rudy et Ronald Zollmann).

A l’issue des 3 jours d’épreuves sélectionnant 6 duos, Le Grand Prix de Duo Chant-Piano (12.000 €) Prix Rainier III de Monaco a été décerné à Erika Baikoff, soprano et Gary Beecher, pianiste, le Prix de lied (6.000 €) à Ekaterina Chayka-Rubinstein, mezzo-soprano et Maria Yulin, pianiste, le Prix de Mélodie (6.000 €) à Ronan Caillet, ténor et Malte Schäfer, pianiste. Une Mention spéciale prix de la meilleure interprétation de l’œuvre commandée à Édith Canat de Chizy (née en 1950) récompensait Hyun SeonKang, soprano et Uram Kim, pianiste. Ce dernier recevait également une Mention spéciale Piano tandis que celle de Chant revenait à Claire Lees, soprano.

Les trois poèmes de Federico Garcia Lorca El Grito, ! Ay ! et El Silencio mis en musique par la compositrice Edith Canat de Chizy ont su séduire l’auditoire par leur clarté incisive et leur élégante facture. En dépit d’indications précises, le texte devait donner lieu à des interprétations musicalement très divergentes ponctuées d’accents ibériques parfois fantaisistes.

La domination des voix moyennes et en particulier féminines (deux sopranos, une mezzo et un seul ténor) se confirmait de manière générale. La soprano anglaise Claire Lees et son pianiste irlandais Adam Mac Donach approchaient de l’osmose voulue par le Concours avec un choix de programme bien adapté à leurs moyens. La soprano espagnole Natalia Labourdette, émouvante et subtile en particulier dans son incarnation de la Lorelei de Franz Liszt (demi-Finale), aurait mérité d’être distinguée sous réserve d’une diction française approximative. L’éviction du merveilleux baryton hollandais Vincent Kusters laissait également bien des regrets. Quant au pianiste coréen Uram Kim (22 ans), raffiné et délicat, techniquement impeccable, la distinction qu’il reçoit ne pourra que l’encourager à déployer ses ailes et une personnalité encore discrète. Sa gracieuse partenaire se révélait trop lisse et parfois en difficulté avec les intonations. Le ténor français (25 ans) Ronan Caillet laissait une impression agréable et sans relief particulier au côté d’un pianiste efficace (Malte Schäfer) tandis que la mezzo ukrainienne (21 ans) Ekaterina Chayka-Rubinstein captait l’attention grâce à une voix chaude et prenante fort bien conduite. N’ayant pas eu la possibilité d’entendre le duo couronné par le Grand-Prix, on souscrira au choix du Jury ; le niveau général laissant évidemment présumer une prestation de haut vol.

Délices d’un répertoire admirable, intime et rare, à l’écart du fracas et des violences : un rendez-vous exceptionnel à tous égards.

Bénédicte Palaux Simonnet

Avec tous ses remerciements au « piéton de Paris » qui l’a aimablement représentée le 8 et enrichi ce compte rendu de ses remarques.

Crédits photographiques : Philippe Gontier

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