Philippe Chamouard, l’art du concerto
Philippe Chamouard (né en 1952) : Concertino pour violon et orchestre ; Concerto pour basson et orchestre ; Concerto nocturne pour trompette et orchestre. Eric Aubier, trompette ; Svetlin Roussev, violon ; Giorgio Mandolesi, basson. Orchestre symphonique de Douai, Jean-Jacques Kantorow. 2023. Livret en français et anglais. 53’34’’. Indésens Calliope Records. IC013.
Compositeur prolifique, Philippe Chamouard nous propose un album reprenant trois de ces concertos, trois partitions issues d’une période créative allant de 1993 à 2021. L’album débute par le Concertino pour violon et orchestre. D’un seul tenant, ce morceau d’un petit quart d’heure propose un ton que le compositeur rattache à l’esprit de la fantaisie. En effet, on découvre un caractère libre et une imagination à la fois volubile mais contrôlée dans ses effets. Le résultat est une sorte de justesse de l'esprit entre l’amusement et le sérieux, le grave et le léger avec une superbe orchestration dans laquelle se meut le violon.
Le Concerto pour basson est la partition la plus récente de ce programme. Elle reprend les trois mouvements classiques du concerto, mais avec encore un ton très libre et une inspiration multiple. Dans le booklet, le compositeur explique avoir été motivé par les “qualités sonores vraiment diversifiées” de l’instrument. Philippe Chamouard se plaît à explorer toute la tessiture et toute la couleur du basson, avec des mariages de timbres étonnants comme les maracas dans le dernier mouvement. On entend également ça et là des réminiscences de solo célèbres de l'instrument, utilisés avec ironie et sens des couleurs. Ce concerto est un étonnant feu d’artifice expressif qui doit être jubilatoire à jouer par le soliste.
Le Concerto nocturne pour trompette et orchestre est la partition la plus ancienne de ce disque. Composée suite à la suggestion de Maurice André, l'œuvre, en un seul bloc, s’envisage “encline au charme et à la méditation”. On apprécie le mariage entre les timbres de la trompette et l’orchestre avec une première partie mélodieuse et sombre avant une transition vers une lumière brillante dans la seconde partie de cette courte partition, toute en contrastes et travail sur les timbres.
Tout au long de ce programme, l’Orchestre Symphonique de Douai est exemplaire de couleurs et de styles sous la baguette experte et attentive de Jean-Jacques Kantorow. Les solistes, tous de haut vol, sont des serviteurs d’élite pour cette musique qui séduit l’oreille par ses teintes et des mélodies.
Son : 9 Notice : 8 Répertoire : 8 Interprétation : 10
Pierre-Jean Tribot