Récital remarquable au Namur Concert Hall
Ce samedi 30 mars a lieu le récital au Namur Concert Hall de 2 lauréats du Concours Reine Élisabeth : le violoniste belge Lorenzo Gatto et le pianiste français Frank Braley. Le fil conducteur de ce concert est la musique viennoise. Trois pièces sont au programme de cette soirée : la Sonate pour violon N°27 en sol majeur, K.379 de Mozart, la Sonate pour violon N° 7 en do mineur, Op. 30 N°2 de Beethoven et la Sonate pour violon et piano en mi bémol majeur, Op. 18 de Richard Strauss.
Le concert débute avec la Sonate pour violon N°27 en sol majeur, K.379 de Mozart. Cette œuvre, Mozart la compose en 1781 alors qu'il vient de quitter sa ville natale de Salzbourg. À cette période, il rejette le joug abhorré de l'archevêque Colloredo, devenant ainsi le premier musicien créateur “libre” de l'histoire. Frank Braley et Lorenzo Gatto font preuve de finesse, de délicatesse et de musicalité tout au long de ces deux mouvements. Après l'Adagio d'introduction, place à l'Allegro où les deux musiciens font preuve d'intensité et dont l'énergie est mise au service de la pièce. Le deuxième et dernier mouvement, l'Andante cantabile, est un thème populaire avec cinq variations. Lors de chacune des variations, Braley et Gatto utilisent des caractères différents tout en gardant une certaine vitalité. Dans cette œuvre, aussi bien le pianiste que le violoniste doivent faire preuve d'habileté et c'est ce qu'ils font avec brio.
Le concert se poursuit avec la Sonate pour violon N° 7 en do mineur, Op. 30 N°2 de Beethoven. Cette œuvre, dédiée à l'empereur Alexandre 1er de Russie, est composée entre 1801 et 1802. Cette sonate, une des plus novatrices de Beethoven, est constituée de quatre mouvements. Les deux artistes nous proposent une version aux accents dramatiques de l'Allegro con brio. Dans l'Adagio cantabile, ils font preuve de sensibilité et de lyrisme. Le scherzo est vif et énergique avec des accents et des sforzatos très marqués. L'Allegro est dans la continuité du mouvement précédent, achevant de manière magistrale cette première partie du concert.
Après l'entracte, place à la Sonate pour violon et piano en mib majeur, Op.18 de Richard Strauss. Ce dernier, bien qu'il soit surtout connu pour sa musique orchestrale, à tout de même composé quelques pièces de musique de chambre dont cette unique sonate pour violon et piano. De plus, il s'agit d'une œuvre de jeunesse puisqu'il a 24 ans lorsqu'il compose cette pièce. D'ailleurs, notons que sa dernière pièce de musique de chambre a été composée cette même année (soit 1888). Après cela, Richard Strauss s'est concentré sur la musique orchestrale et les opéras qui ont fait sa renommée. Cela dit, nous retrouvons déjà, dans cette sonate, les prémices de ce que sera la musique orchestrale de Strauss avec des motifs typiques de ses futures compositions.
Dans l'Allegro ma non troppo, Braley et Gatto font de beaux contrastes. Il y a une véritable alternance entre les passages délicats et les passages vifs. L'Andante cantabile est quant à lui d’un grand lyrisme. La sonate se conclut de manière magistrale avec un dernier mouvement plus que pétillant.
Le public, venu en nombre pour l’occasion, applaudit avec un enthousiasme non dissimulé cette prestation de haut vol.
Il est indéniable que le langage musical de Mozart est différent de celui de Beethoven ou de Strauss. Mais les deux artistes sont parvenus à donner une ligne de conduite à ce concert tout en restant dans le style que requièrent ces trois sonates différentes. Ainsi la finesse de Mozart, l’impétuosité de Beethoven et l’héroïsme de Strauss sont conservés. Contrastes, nuances, intensité, tout est au rendez-vous pour une très belle soirée autour de la musique viennoise.
Pour clôturer ce concert, Lorenzo Gatto et Frank Braley nous offrent le magnifique Liebesleid de Fritz Kreisler.
Namur, Namur Concert Hall, le 30 mars 2024
Thimothée Grandjean, Reporter de l’IMEP
Crédits photographiques : José Noël Doumont Studio Montjoie