Rencontre : Patricia Breeus

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Le Concours est une vaste entreprise qui mobilise toute une équipe bien au-delà du traditionnel mois de mai. Pour que chacun puisse en prendre la mesure, nous publions chaque jour un compte-rendu, une interview,… qui éclaire ce travail de l’ombre.
Aujourd’hui, nous donnons la parole à Patricia Breeus, Attachée à la direction.

Patricia-BreeusC’est en janvier 1991 que Patricia Breeus a poussé la porte du Concours. Un engagement d’une durée de six mois, pour « répondre au téléphone »…

- Vous êtes là depuis 25 ans et, aujourd’hui, attachée à la direction. A ce titre, vous participez de la mémoire du Concours. Pouvez-vous revenir sur vos débuts ?
Oui, bien sûr. Le « bureau » ne comptait alors que deux personnes : Cécile Ferrière qui était Secrétaire Générale et Michel-Etienne Van Neste. Il faut se souvenir qu’en ‘91, l’ordinateur n’avait pas encore sa place. Tous les contacts se faisaient par téléphone et par courrier postal, et c’était le règne des petites fiches.
J’étais quadrilingue et disponible, on m’a confié le téléphone ! Demandes de renseignements tous azimuts, communication des résultats,… le travail était intense et l’équipe fonctionnait bien.
En juin, mon contrat a pris fin mais je suis revenue dès l’année suivante. Puis ma fonction a évolué.

- C’est sur vos épaules que repose aujourd’hui l’hébergement des candidats auprès des familles d’accueil. Comment procédez-vous ?
En 1992, au moment où le Concours s’ouvrait au chant, c’est la fidèle et énergique Madame Titeca qui, pour chaque session, réunissait son équipe -un cercle de ses connaissances- et organisait l’accueil. Toujours le téléphone, le courrier et les petites fiches… Je m’y suis intégrée progressivement avant de reprendre la mission. En m’appuyant d’abord sur les listes de familles réunies jusque-là. Et très vite, il a fallu élargir puisque les candidats étaient de plus en plus nombreux.

- Elargir, oui, mais comment ?
Essentiellement par deux canaux. Nous éditons une brochure explicative que nous mettons à disposition du public en de nombreux endroits. Le bouche-à-oreille fait le reste. C’est important, il faut bien mesurer à quoi on s’engage : certains candidats ne resteront qu’une semaine mais les finalistes donnent encore des concerts au mois de juin.

- Cette année, il y a 82 jeunes pianistes à héberger… Et autant d’instruments à trouver…
Oui. Même si on sait que tout finit toujours par s’arranger, c’est un moment de stress.
Bon an mal an, il y a une septantaine de familles qui annoncent leur disponibilité. D’autres qui préfèreraient passer leur tour mais ne ferment pas complètement la porte.
Beaucoup de ces familles ont un piano et d’autres, sans être hébergeuses, mettent néanmoins un instrument à disposition. Nous pouvons aussi compter des studios de répétitions : deux auprès des Pianos Maene et quatre à Flagey. Et les pianos droits qui sont dans les loges.

- De quelle manière décidez-vous de la répartition des candidats dans les familles ?
Nous rencontrons d’abord chaque famille. Sa composition et son mode de vie sont autant de facteurs à gérer. Ces dernières années, les couples avec enfants sont devenus majoritaires : souvent, ils ne sont pas à la maison la journée. Il faut aussi entendre les souhaits des hébergeurs, le profil de candidat qui a leur préférence, la langue,… La nationalité aussi : un pays où ils ont vécu un temps, où un enfant va partir en Erasmus…

- Vous vous assurez ainsi de l’adéquation de l’accueil au candidat.
Nous devons veiller à ce que chacun se retrouve dans le contexte qui lui convient le mieux. Le moment qu’ils vivent ici est fort d’émotions, de tensions,…certains sont encore très jeunes, d’autres plus autonomes…
Mais il n’y a pas que les candidats. Il faut aussi s’assurer que les membres du jury seront reçus dans des conditions optimales. Pour chacun d’entre eux, il faut prévoir l’accueil et les transferts, les réservations d’hôtels, la disposition d’un piano dans la chambre, et tout ce qui peut être personnalisé.

- Jusqu’au mois de juin, les semaines seront très occupées. Mais, dites-moi, le reste de l’année, que faites-vous ?
Ah ! Je me pose parfois la question (rires) ! Le plus simple, c’est de suivre le cours des mois.
Pour le moment, on est donc dans l’organisation pratique du déroulement de la session 2016 : les plannings, les répétitions, les transferts, les logements,… Et cela va se poursuivre jusqu’au concert du 20 juillet.
Dès la rentrée, il faudra se concentrer sur le concours de violoncelle de l’année prochaine : les brochures à réaliser puis, avec une équipe de bénévoles, à envoyer aux impressarios, aux orchestres, aux festivals, aux conservatoires, à la presse, au public,… Sans oublier un grand mailing.
Au mois d’octobre, le règlement est peaufiné et il faut assurer la communication destinée aux futurs candidats : on s’adresse alors aux professeurs et aux grandes écoles du monde entier. Les candidatures commencent à arriver en octobre et en novembre.
Au même moment, on reprend contact avec le jury qui a été préalablement constitué. Il s’agit de recevoir à temps les CV, les photos, etc. Et on aborde le volet promotion : assurer la visibilité du concours et réunir les publicités qui paraîtront dans le programme.
Dès le mois de décembre, on instaure les premiers contacts avec les familles d’accueil et aussi avec les membres du jury de l’épreuve de pré-sélection car il faut déjà prévoir l’intendance, les hôtels, les transferts.
Au mois de janvier, avec la date limite des inscriptions, toute l’attention est concentrée sur les candidats.
Et pendant tout ce temps, on prépare aussi l’exposition avec les luthiers à Flagey, les trois concerts pour les jeunes qui se déroulent traditionnellement en mars,…
Vous voyez, une année pour préparer chaque concours, ce n'est pas trop...

Propos recueillis par Michelle Debra
Bruxelles, le 8 mars 2016

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