Retour du King’s Consort dans les Odes pour la Queen Mary

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Birthday Odes for Queen Mary. Henry Purcell (1659-1695) : Arise, my Muse ; Love’s Goddess sure was blind ; Celebrate this festival. Carolyn Sampson, Emily Owen, soprano. Iestin Davies, Hugh Cutting, contre-ténor. Charles Daniels, David de Winter, tenor. Matthew Brook, Edward Grint, basse. The King’s Consort, Robert King. Avril 2021. Livret en anglais, français, allemand ; paroles en anglais non traduit. TT 76’54. Vivat 122

Après un album de « Royal Odes » réalisé à l’automne 2020, l’ensemble anglais va-t-il s’aventurer dans une nouvelle intégrale des musiques célébratives et des « Welcome Songs » de Purcell, qu’il avait déjà visitées en huit CDs voilà trente ans pour le label Hyperion, et qui depuis lors figurent au menu du King’s Consort ? Du moins, ce précédent album stimula l’enregistrement du présent disque qui lui fait écho en proposant trois autres des six « Birthday Odes » en l’honneur de la Queen Mary. Après Now does the glorious day appear et Welcome, welcome, glorious morn, voici donc ici l’intimiste Love’s Goddess sure was blind, la cérémonieuse et brillante Celebrate this festival et Arise, my Muse pour laquelle Robert King a établi une performing edition rectifiant quelques erreurs de copie. Ne manquerait plus que Come ye sons of art, la plus célèbre du lot, dont John Eliot Gardiner avait légué une enthousiaste lecture (Erato).

Le livret présente cette initiative comme « une rétrospective et un renouvellement » qui profite de trois décennies de pratiques assidues, de progrès quant à la conception organologique et les modes de jeu historiquement informés. L’équipe s’est certes renouvelée, incluant vétérans (Charles Daniels, émouvant dans See how the glitt’ring ruler) et sang neuf (suggestive prestation de Iestin Davies dans Crown the altar et April, who till no has mourned). Robustes incarnations d’Edward Grint et Matthew Brook.

Mais depuis les sessions pionnières qui nous valurent alors maintes découvertes parmi les œuvres alors peu courtisées, le style a peu évolué : toujours aussi prudent, neutre et probe. L’accompagnement instrumental, pourtant en petit comité, ne se distingue ni par sa virtuosité, son invention ou son enthousiasme : la distanciation appliquée dans le Fairfield Halls éteint-elle les initiatives ? Par comparaison, la magie purcellienne immortalisée par David Munrow dans un Love’s Goddess sure was blind d’anthologie (Emi, 1975) souligne la routine de la direction de Robert King, victime d’une certaine inertie émotionnelle malgré une enviable finesse permise par des effectifs quasi-chambristes, malgré une indéniable sensibilité. Une chaleureuse prise de son conforte une vision placide de ces pages festives, qui étalent leur splendeur sur papier glacé.

Son : 9 – Livret : 9,5 – Répertoire : 9,5 – Interprétation : 8

Christophe Steyne

 

 

 

 

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